Mme Sisulu a déclaré que «l'Afrique du Sud et l'Algérie restaient fermes dans leur soutien au peuple saharoui». Grand moment d'africainité, ce jeudi à Cape Town, avec ce que ce mot draine comme lutte pour les indépendances des peuples. L'Algérie et l'Afrique du Sud ont montré tout leur attachement au principe de décolonisation et d'autodétermination des peuples. Comme au temps où le continent noir affichait sa pleine détermination à en finir avec l'exploitation de l'homme par les hommes les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont exprimé leur soutien aux deux peuples qui continuent de lutter pour l'affirmation de leur indépendance. Les questions palestinienne et sahraouie ont été au coeur de la conférence de presse conjointe aminée par Abdelkader Messahel, et son homologue sud-africaine, Mme Lindiwe Sisulu. Les deux ministres ont réaffirmé le soutien de leurs pays respectifs aux causes des peuples sahraoui et palestinien. Mme Sisulu a déclaré que «l'Afrique du Sud et l'Algérie restaient fermes dans leur soutien au peuple du Sahara occidental». Il est rare, en effet, qu'un chef de la diplomatie engage un Etat qui n'est pas le sien sur une question de politique internationale. Mais il faut aussi souligner que sur ces deux questions précisément, l'Algérie et l'Afrique du Sud développent le même discours à la virgule près. Il y a donc dans l'affirmation de Mme Sisulu une forte symbolique, d'ailleurs certainement relevée par Abdelkader Messahel. «Sur le Sahara occidental, nous avons réaffirmé notre position, à savoir la réalisation du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental et à la décolonisation du Sahara occidental ainsi que la résolution rapide du conflit dans le cadre de la légalité internationale», a insisté la ministre sud-africaine des Affaires étrangères. L'Afrique du Sud annonce une session de la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadc) exclusivement consacrée au peuple sahraoui. «Nous croyons en leur droit à l'indépendance. C'est leur droit inaliénable tout comme autre Etat indépendant», a-t-elle précisé, confirmant ainsi une contre-offensive au sein de la communauté des Etats africains pour répondre aux tentatives du Maroc de diluer une question d'autodétermination dans des considérations économiques, voire de lobbying et de copinage entre certains chefs d'Etat. Cette posture de l'Afrique du Sud n'est pas nouvelle, mais il y a dans le propos de la ministre des Affaires étrangères assez de force, sans doute inspiré par l'engagement d'Alger à poursuivre l'oeuvre africaine de décolonisation jusqu'à son terme. La ministre sud-africaine traduit d'ailleurs la volonté de son pays, en affirmant qu'il «considère le Sahara occidental comme un Etat souverain et à cet égard, le pays a accueilli très récemment le chef du Polisario en visite d'Etat en reconnaissance de ce statut». Et d'annoncer, en guise de défi au petit groupe d'Etats africains, oublieux de leurs conditions d'anciens colonisés que l'Afrique du Sud fournit «au Polisario l'aide financière nécessaire pour mener à bien son travail administratif et nous avons proposé d'accueillir une conférence de la Sadc pour soutenir le Polisario». Ce positionnement très clair, exprimé par la première puissance économique du continent, pèsera, certainement, de tout son poids sur la Sadc, mais également sur les décisions futures des instances de l'Union africaine. Les deux ministres «ont souligné avec force la profondeur historique des relations entre l'Algérie et l'Afrique du Sud en soulignant l'engagement des deux pays à mettre à profit ce capital énorme au service d'une coopération exemplaire et d'une concertation régulière sur l'ensemble des questions d'intérêt commun». Une déclaration qui doit être concrétisée sur le terrain d'autant qu'au niveau des chefs d'Etat des deux pays, l'entente est parfaite. Un état de fait confirmé par le message du président Bouteflika transmis par Abdelkader Messahel au chef de l'Etat sud-africain. Il y est question de mise en synergie de «toutes les potentialités (...) au service du développement socio-économique des deux pays dans le cadre d'un partenariat solide, diversifié et mutuellement avantageux». Entre l'Afrique du Sud et l'Algérie, il existe une marge de coopération tellement immense que beaucoup d'observateurs en arrivent à se demander pourquoi l'axe Alger-Pretoria ne produit toujours rien à l'échelle du continent.