Le Premier ministre Ahmed Ouyahia à son arrivée à Pékin Les deux pays sont liés par un partenariat stratégique global suite à la décision conjointe prise en 2014 par les présidents Bouteflika et Xi Jinping. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, représentant du président de la République, est arrivé, hier, à Pékin pour prendre part aux travaux du 3ème Forum sur la coopération sino-africaine (Focac). Plus grand pays d'Afrique occupant une position géostratégique idéale, avec une façade maritime à «un jet de pierre» de l'Europe et une profondeur africaine reconnue de tous, grâce notamment à la route de l'unité africaine qui la traverse du nord au sud, l'Algérie est l'une des pièces maîtresses du partenariat sino-africain. Ce positionnement qui la place comme le prochain moteur de la croissance du continent noir est appuyé par la qualité de ses infrastructures de base, le niveau de qualification de ses ressources humaines, mais pas seulement. Il est entendu que la Chine, qui entend faire de l'Afrique un relais efficace de sa propre croissance, a besoin de s'appuyer sur une puissance régionale. L'Algérie qui ambitionne de réaliser le plus grand port du sud de la Méditerranée répond à ce profil, à côté de quelque quatre ou cinq autres pays du continent. De fait le sommet sino-africain se conçoit avec une Algérie dans un rôle de pivot pour donner tout son sens à la coopération entre un pays-continent qu'est la Chine et un continent qui concentre autour de lui tellement d'appétit occidental. Ce rôle, l'Algérie peut aisément le camper au plan strictement économique. Mais l'engagement d'Alger en faveur de l'Afrique ne date pas d'hier et ne se limite pas aux simples questions commerciales. La Chine est certainement bien informée sur le rôle joué par l'Algérie dans la dynamique anticoloniale africaine. Pékin sait également tout l'effort déployé par l'Algérie pour la formation des élites africaines, son apport dans le développement humain des populations du continent et la route de l'Unité africaine est là pour matérialiser sa détermination africaine. Sitôt sortie de sa crise, l'Algérie a relancé le combat du développement du continent. Le sommet d'Alger, historique pour le soutien apporté par l'ensemble des pays africains à l'Algérie, meurtrie par une dizaine d'années de terrorisme, mais également pour le nouveau souffle mis par Alger dans la machine africaine. Le Népad et autres instruments inter-africains créés à l'initiative de l'Algérie, n'ont certes pas réglé tous les problèmes du continent, mais cela a permis aux dirigeants du continent noir de voir leurs capacités, leurs compétences et la puissance de la voix de l'Union africaine. La Chine sait tout cela. Elle sait également le soutien apporté par l'Algérie à l'ONU pour lui accorder le siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, en lieu et place de Taïwan. L'Empire du Milieu se souvient de la visite, historique, du vice-président du GPRA de l'époque, Krim Belkacem à Pékin, de la poignée de main avec Mao Tsé-Toung. La Chine est le premier pays à reconnaître officiellement la République algérienne. Entre les deux pays, ce n'est donc pas une simple question de sous. Alger et Pékin sont liés par des liens certainement plus forts que ceux d'une balance commerciale. Son retour au-devant de la scène algérienne durant les années 2000 ne relève pas du hasard. L'intensité des échanges algéro-chinois traduit aussi une volonté commune d'édifier un partenariat solide. L'Algérie a confié aux entreprises chinoises ses plus gros chantiers. Des dizaines de milliers de leurs travailleurs sont établis durablement dans les villes algériennes. Il y a eu même des mariages mixtes. Les liens algéro-chinois sont solides. Une réalité qui devrait trouver une application sur le terrain économique et du savoir. Aujourd'hui, en plus d'être l'usine du monde, la Chine est en passe de s'imposer comme l'un des leaders mondiaux dans les technologies nouvelles. L'apport à l'économie nationale et plus globalement africaine est inestimable. De fait, le Sommet sino-africain est une belle opportunité pour l'ALgérie de marquer des points. D'autant qu'il y sera question de mettre en synergie l'initiative «La Ceinture et la Route» proposée par la Chine, de l'agenda 2063 de l'Union africaine, du programme de développement durable à l'horizon 2030 des Nations unies et des plans de développement des pays africains. Il faut savoir qu'outre les chefs d'Etat et de gouvernement africains, le président de la Commission de l'Union africaine, le secrétaire général des Nations unies et 27 organisations internationales et africaines prendront part également à cet évènement. Les travaux de ce sommet ont été précédés par la tenue le même jour de la 7ème Conférence ministérielle du Focac à laquelle a pris part le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel.