Le Musée de Paris conserve 500 crânes venant de toutes les régions d'Algérie notamment de Khenchela, d'Oran, de Batna, de Skikda, d'El-Kala et d'Alger. Le dossier relatif à la restitution des crânes de résistants algériens, actuellement entreposés au niveau du Musée national d'histoire naturelle de Paris n'est pas encore clos. Objet de «tractations» entre Alger et Paris depuis plus d'une année, il revient au-devant de la scène, à travers une question écrite d'une députée française de La République en marche, d'origine algérienne, Fadila Khattabi, adressée au ministre des Affaires étrangères de son pays. La démarche de l'élue est très anodine. Elle demande des éclaircissements sur les critères adoptés par les autorités habilitées pour restituer ces crânes, dont la demande officielle du gouvernement algérien a été bel et bien transmise à l'Etat français. La réponse du MAE français, consignée d'ailleurs dans le Journal officiel, le 28 août dernier, renvoyait la députée au 7 décembre 2017, arguant que la question a été soulevée lors du Comité intergouvernemental de haut niveau, présidé par les Premiers ministres des deux pays. Il y a été souligné «la nécessité de mettre en place une commission chargée d'identifier ces restes et de faire évoluer le cadre juridique français sur cette question». La réponse de Le Drian informe qu'une demande officielle de restitution de ces restes mortuaires a été officiellement transmise le 26 décembre 2017. Pour expliquer un apparent «laxisme» des autorités françaises à hâter le traitement du dossier, le Quai d'Orsay invoque sa complexité juridique, affirmant que ces crânes «relèvent à ce jour de la domanialité publique et sont, à ce titre, inaliénables, insaisissables et imprescriptibles». Cela du côté français, dont les autorités cachent mal un embarras et tentent visiblement d'éviter une trop grande publicité autour de cette opération qui, au final, montrera le visage hideux du colonialisme. Pour ce qui concerne l'Algérie, où de temps à autre des voix s'élèvent pour interpeller l'Etat français, il existe un certain cafouillage dans l'identification exacte des restes de chouhada. En effet, alors que le ministère des Moudjahidine affirme avoir identifié 31 chouhada algériens reconnus par leurs crânes, l'historien et anthropologue algérien, Ali Farid Belkadi, est d'un autre avis. Rappelant qu'il a été à l'origine de la découverte des crânes, l'APS rapporte sa déclaration, arguant qu'au Musée national d'histoire naturelle de Paris, existent pas moins de 70 crânes qui appartiennent aux résistants de la seule région de Zaâtcha, dans la wilaya de Biskra. «Les 70 crânes de Biskra, sont bel et bien ceux de résistants de Zaâtcha, qui furent décapités à la fin du siège de l'oasis par les soldats du corps expéditionnaire français», avait précisé le chercheur. Il semble que Ali Farid Belkadi n'ait pas été suffisamment écouté par les autorités centrales du pays. Le chercheur estime que l'armée coloniale n'a pas opéré qu'à Zaâtcha. Il affirme qu'il existe plus de 500 crânes et ossements venant de toutes les régions d'Algérie, dont notamment de Khenchela, d'Oran, de Batna, de Skikda, d'El-Kala et d'Alger. Même si dans le lot, figurent ceux d'hommes préhistoriques, ils restent en très faible quantité. Comprendre que les 31 crânes réclamés ne sont que la partie apparente de l'Iceberg.