Finalement, les crânes de résistants algériens conservés au Musée national d'histoire naturelle de Paris (Mnhn) sont beaucoup plus nombreux. Selon un dernier recensement, ils seraient pas moins de 536. Le chercheur algérien en histoire et anthropologie Ali Farid Belkadi, a révélé, hier, que les 536 crânes conservés sont ceux des résistants algériens. «Ces crânes viennent de toutes les régions d'Algérie, à l'instar de Khenchela, Oran, Batna, Skikda, El-Kala, Alger, etc.», indique M.Belkadi. Selon lui, quelques- uns de ces ossements appartiennent à des hommes préhistoriques. Ce chercheur qui avait découvert, dans le cadre d'un travail de recherche en mars 2011, les crânes d'Algériens qui avaient combattu à Zaâtcha (Biskra) l'armée française en 1849, a estimé que ces crânes n'ont rien à faire en France, et doivent être rapatriés au plus vite. A cet effet, l'orateur a souligné que le ministère des Moudjahidine est en train d'œuvrer pour assurer le rapatriement de ces restes. «Il y a un an, j'ai fait un nouvel inventaire à la demande du ministère des Moudjahidine, en vue de la demande officielle de rapatriement de ces restes», a-t-il précisé, avant d'ajouter que d'autres recherches seront entrepris pour les restes de déportés algériens morts en Nouvelle-Calédonie. Ces recherches seront entamées à l'instant où les autorités algériennes prendront en charge cette affaire en octroyant l'autorisation, a-t-il souligné. Il y a lieu de rappeler que lors de son entretien avec le président de la République Abdelaziz Bouteflika, le Président Français Emmanuel Macron s'est engagé à restituer les crânes conservés au Mnhn. C'est dans ce sens qu'en janvier dernier, l'Algérie a demandé officiellement à la France la restitution de ces crânes. A cet effet, le chercheur Belkadi a indiqué qu'il a repris ce dossier tout dernièrement en s'intéressant cette fois-ci aux travaux du Dr Sanrey, un médecin militaire qui vivait dans les années 1840. En outre, selon les dernières recherches, un grand nombre de ces restes appartient aux résistants de Biskra, précisément les Zaâtcha. L'histoire de ces crânes remonte à novembre 1849. Ils ont péri lors d'une bataille qui opposait les troupes de la colonisation française du général Emile Herbillon aux résistants algériens de cheikh Bouziane, et qui s'est terminée par l'extermination de la population de l'oasis. «Il y a en tout 70 crânes, tous originaires de Biskra, qui sont conservés au MNHN», a-t-il indiqué, relevant qu'aucun anthropologue français n'a jamais pu récolter autant de crânes en une fois. Selon le chercheur, les autres crânes sont aussi ceux de membres de tribus de l'Aurès, tel que le marabout de grande renommée, Si Abdelhafidh, qui est lié à celle de Zaâtcha. La préhistoire de l'Algérie à Paris Par ailleurs, l'auteur de ces recherches a indiqué qu'il est en relation avec un atelier spécialisé dans la reconstruction et la reconstitution faciale de ces crânes pour faire connaître aux Algériens à quoi pouvaient ressembler ces résistants. «Cela coûte environ 17 000 euros par buste + l'emballage, le transport et les douanes. L'objectif est de faire connaître aux Algériens à quoi ressemblaient Cherif Boubaghla, Mokhtar Al-Titraoui, Moussa Al-Darkaoui, Cherif Boukedida et quelques autres», a-t-il affirmé. A cet effet, il dira que par le biais de cette initiative, les enfants algériens sauront qui étaient ces grands héros de la résistance qui ont sacrifié leur vie pour que vive l'Algérie. Sur un autre plan, le chercheur algérien a indiqué qu'il a également entrepris d'autres recherches au Musée du Louvre où il a fait l'inventaire des stèles phéniciennes de Constantine, soulignant qu'il est le seul Algérien à les avoir recensées et qu'il a contacté à ce sujet le ministère de la Culture.