En 2000, Angela Markel, 45 ans, est élue présidente de la CDU Qu'importe, l'Histoire retiendra qu'à l'époque où des réfugiés se noyaient par centaines, semaine après semaine, dans les eaux de la Méditerranée, un seul dirigeant européen fit parler haut et fort sa conscience. Une seule voix s'est élevée, celle d'une femme: Angela Merkel. Personne n'avait prédit à cette fille de pasteur protestant, timide et réservée, une carrière politique aussi brillante. Angela Merkel, née Angela Kasner, la femme élue la plus puissante du monde par le magazine Forbes, est née le 17 juillet 1954 à Hambourg. Chimiste de formation, elle a grandi dans l'Allemagne de l'Est communiste. La doctoresse entame sa carrière politique après la chute du mur de Berlin en rejoignant le parti conservateur l'Union chrétienne-démocrate allemande (CDU). Le chancelier de l'époque, Helmut Kohl, lui offre ses premières responsabilités ministérielles. Angela Merkel est nommée ministre des Femmes et de la Jeunesse en 1991. Elle succède ensuite à Klaus Töpfer au ministère fédéral de l'Environnement. Sa carrière politique va se renforcer avec sa nomination en 1999 comme secrétaire générale de son parti lors d'un congrès post-électoral faisant suite à la cuisante défaite de la CDU aux législatives. En 2000, Angela Markel, 45 ans, est élue présidente du parti avec un score de 96% des voix. Un résultat encore meilleur que ceux de ses deux derniers prédécesseurs, Helmut Kohl et Wolfgang Schäuble, emportés par le scandale des caisses noires du CDU. Angela Merkel qui est la première femme à diriger son parti, est également la première à occuper la plus haute fonction de l'Etat, en 2005 en succédant à Gerhard Schröder en tant que chancelière. Un poste qu'elle occupe depuis, détenant le record de longévité avec quatre mandats à la tête du gouvernement allemand. Mais durant ces mandats, Angela Merkel a mené une bataille remarquable. Depuis son arrivée au pouvoir, la Dame de fer d'Outre-Rhin donne du fil à retordre à ses adversaires. Surnommée «Petite Souris grise», «Téflon» (celle sur qui tout glisse, les piques et les attaques) ou encore Mutti (maman), Merkel a réussi là où beaucoup ont échoué. Elle a enregistré de très bons résultats économiques pour l'Allemagne, qui a su mieux résister à la crise économique que ses voisins européens. Chômage en baisse, commerce extérieur florissant, industrie puissante et rentable grâce à une meilleure compétitivité et une gestion optimale du partenariat avec les anciens pays du bloc de l'Est. Au fil des crises européennes, Merkel a été considérée comme le bourreau honni des pays dépensiers. Pour tous les pays du sud de l'Europe, elle est devenue la dirigeante la plus intransigeante avec ses plans d'aide, mais aussi ses cures d'austérité, imposées à certains pays. La gestion de la crise migratoire par Merkel reste l'événement-phare durant son règne et sans doute sa seule vraie prise de risque. En septembre 2015, Angela Merkel décide, à rebours du reste de l'Europe, d'ouvrir son pays à plus de 1,3 million de demandeurs d'asile. Une décision historique qui dévoile au grand jour le côté humanitaire de celle qui a toujours été qualifiée de flegmatique, froide et insensible. En ouvrant les frontières de l'Allemagne aux réfugiés, Merkel a voulu prévenir une crise humanitaire, mais la chancelière allemande va payer au prix fort sa prise de position courageuse. Qu'importe, l'Histoire retiendra qu'à l'époque où des réfugiés se noyaient par centaines, semaine après semaine, dans les eaux de la Méditerranée, un seul dirigeant européen fit parler haut et fort sa conscience. Une seule voix s'est élevée, celle d'une femme: Angela Merkel. La question de l'accueil des migrants est devenue un des principaux obstacles, pour la chancelière qui sans regrets, arrive à gérer la fronde érigée contre sa personne et reprend la main en adoptant une série de mesures pour contrôler les arrivées de réfugiés. C'est d'ailleurs de cet épineux problème que va discuter Merkel, demain, avec le président Bouteflika lors d'une visite officielle à Alger. Mais pas seulement. Elle vient aussi parler affaires. Pragmatique, la chancelière allemande qui est à la tête de la quatrième puissance mondiale et locomotive de l'Europe, a bien pensé sa politique étrangère: aider l'Afrique pour mieux contrôler le flux migratoire, mais aussi pour étoffer sa présence économique dans le continent. A 64 ans, cette scientifique que l'on disait sans charisme évident, est devenue incontournable. Qui aurait misé sur cette austère fille de pasteur élevée en Allemagne de l'Est? «Angela Merkel a un secret», estimait en 2015 le philosophe Peter Sloterdijk et il n'a pas tort.