Une telle intervention est de nature à montrer l'intérêt de l'Etat pour un climat d'affaires sain en Algérie. La guerre des déclarations entre Orascom Télécom Algérie (OTA) et Algérie Télécom (AT) est ce genre de conflits où l'on pourra jamais dire qui a gagné. Mais il sera très aisé de compter les coups et constater les dégâts. En d'autres termes, pareilles «disputes» ne débouchent sur rien de bon, ni pour OTA, ni pour AT et encore moins pour l'économie nationale. Celle-ci donne au monde une triste image où les instruments de régulation des mécanismes commerciaux et économiques pèchent par une inefficacité manifeste. Une situation qui a fait que deux acteurs majeurs de la scène nationale en arrivent à laver leur «linge sale» en public. Cette guerre des mots a lieu sans autre réaction que le silence de la part de l'Autorité de régulation des postes et des télécommunications (Arpt) et du ministère de tutelle qui donne l'impression de n'être pas plus concerné qu'un autre par une polémique qui touche directement au seul secteur qui fait réellement de la croissance et crée des milliers d'emplois. En effet tous les observateurs économiques nationaux et internationaux reconnaissent qu'en dehors des hydrocarbures et de l'agriculture qui font de bons chiffres pour des raisons exogènes, les télécoms en Algérie ont décollé sans qu'il y ait besoin d'une quelconque conjoncture favorable ou autres subventions publiques. L'ouverture du marché de la télécommunication a été saluée par tous les partenaires de l'Algérie, comme une opération très réussie et qui a généré une plus-value très intéressante pour nombre de métiers en rapport avec les télécoms. C'est dire donc l'extrême importance de cette branche d'activité, citée en exemple dans tous les rapports du FMI et de la Banque mondiale. L'Algérie doit ce dynamisme extraordinaire à l'entrée en lice de l'opérateur égyptien. Cela tout le monde l'aura constaté, Boudjemaâ Haïchour, ministre de la Poste des Technologies de l'information et de la Communication, en premier. En tant que premier responsable du secteur, Boudjemaâ Haïchour est donc en première ligne pour juguler le problème et réparer ce que la polémique a déjà cassé en termes d'image de l'Algérie à l'étranger. Et pour cause, c'est la première fois depuis l'invention du GSM que deux opérateurs destinés à être complémentaires, s'accusent mutuellement. Ainsi l'Algérie a créé un précédent international en la matière. Il est évident qu'en pareille situation, le recours à la justice s'avère inévitable, mais cette démarche n'interdit pas l'intervention d'une autorité politique, d'autant plus que l'un des belligérants est une entreprise publique ce qui, d'une manière ou d'une autre, engage l'Etat dans ce conflit, puisqu'il en est le propriétaire. Aussi, le ministre de la Poste, des Technologies de l'information et de la Communication, en sa qualité de premier responsable du secteur est-il, en principe, concerné par la question. Il est entendu qu'une telle intervention ne peut se substituer à une décision de justice, mais elle est de nature à montrer l'intérêt qu'accorde l'Etat à l'assainissement du climat d'affaires en Algérie. C'est même primordial et c'est à travers une telle intervention que les opérateurs étrangers auront une idée, la plus précise possible, des intentions réelles des pouvoirs publics. Un silence prolongé pourrait être expliqué comme un désintérêt de la sphère politique des affaires économiques de la nation. Ce serait dommage.