Face à Paul Biya, 85 ans, candidat à un 7ème mandat, aucune chance Dans les deux régions anglophones frappées depuis un an par un conflit meurtrier entre des séparatistes et l'armée, des troubles ont émaillé le scrutin, auquel très peu de votants ont participé. Une longue attente des résultats, qui pourrait durer deux semaines, a débuté lundi au Cameroun au lendemain d'une présidentielle marquée par une forte abstention et des violences dans les régions anglophones de l'Ouest, mais sans incident majeur dans le reste du pays. Le président Paul Biya, 85 ans dont près de 36 au pouvoir, briguait un 7e mandat consécutif et est de loin le favori face aux sept candidats qui l'affrontaient. Légalement, les procès-verbaux de chaque bureau, après vérifications par Elecam, l'organe chargé d'organiser les élections au Cameroun, doivent être transmis au Conseil constitutionnel qui est le seul habilité à proclamer des résultats, sous quinzaine après le scrutin. Mais, dès dimanche soir, les résultats de centaines de bureaux de vote sur 25.000 installés dans tout le pays, circulaient sur les messageries Whatsapp, Facebook et Twitter. Plusieurs candidats d'opposition avaient multiplié les appels à leur militants à surveiller le dépouillement des votes pour éviter la fraude, après avoir surveillé le déroulement du scrutin. «L'heure est grave. Levez-vous, préparez vous à défendre votre victoire, parce qu'il y a des choses incroyables qui sont en train de se dérouler», a déclaré sur Facebook Cabral Libii, candidat à la présidentielle et benjamin du scrutin qui, à 38 ans, a fortement mobilisé durant la campagne. Avant le scrutin, le camp de Maurice Kamto, candidat de poids de l'opposition rejoint tardivement par un autre candidat majeur, Akere Muna, avait indiqué qu'il n'accepterait «aucun résultat» si des cas de fraude étaient avérés. «J'invite tous les acteurs politiques (...) à faire preuve d'un sens de responsabilité afin que le processus qui a si bien commencé se termine dans le même esprit», leur a répondu après la fermeture des bureaux, Paul Atanga-Nji, ministre de l'Administration territoriale, sur un média d'Etat. «Toute forme de remise en cause du verdict des urnes en dehors des voies légales ne sera pas tolérée», a-t-il prévenu. «Je vous recommande fortement de ne vous associer à aucune opération de violence ni d'insurection», a corroboré sur Twitter Grégoire Owona, ministre du Travail et secrétaire général adjoint du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Dans les deux régions anglophones frappées depuis un an par un conflit meurtrier entre des séparatistes et l'armée, des troubles ont émaillé le scrutin, auquel très peu de votants ont participé. A Buea, capitale du Sud-Ouest anglophone quadrillée par d'imposantes forces de sécurité, les bureaux de vote ont été désertés tout au long de la journée. Des coups de feu ont été entendus dans les deux capitales régionales, Buea et Bamenda, toute la journée trois hommes armés, séparatistes présumés qui tiraient sur des passants, ont été abattus par les forces de l'ordre à Bamenda. Dans le reste du pays, le vote s'est déroulé sans incident majeur rapporté, notamment à Yaoundé et Douala, capitales politique et économique. Dans la région de l'Extrême-Nord, «verrou» de l'élection car la plus peuplée du Cameroun, il n'y a eu que très peu de représentants de partis d'opposition, censés surveiller le bon déroulement du vote, selon des témoignages concordants. Dans cette région sinistrée par les assauts des terroristes de Boko Haram depuis quatre ans, 74% de la population vit sous le seuil de pauvreté contre 37,5% au niveau national. Outre Paul Biya, sept candidats attendent les résultats des urnes, parmi lesquels deux pourraient espérer un score significatif: Maurice Kamto et Cabral Libii.