Souvenez-vous, en pleine guerre des mots entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, le président américain Donald Trump avait répliqué au commentaire de Kim Jong Un vantant les capacités de son tout dernier missile balistique intercontinental que le «sien était beaucoup plus gros»! Cette diatribe avait laissé le monde entier pantois, éclairant d'un jour nouveau la dimension réelle des hommes qui ont la haute main sur l'apocalypse dont est constamment menacée la planète. Mais il en est des hommes comme des politiques qu'ils mettent en oeuvre. C'est ainsi qu'on apprenait mardi dernier que l'Otan va tester, début novembre, ses capacités militaires pour annihiler et contrecarrer l'offensive que la Russie pourrait lancer contre l'Europe, via la Norvège. Un véritable scénario de science-fiction, mais que la réalité du contexte international rend de plus en plus probant, puisque revoilà le temps de la Guerre froide dont les contours se dessinent encore, mais pour combien de temps, au Moyen-Orient et dans la péninsule coréenne. L'exercice «Trident Juncture», évidemment présenté par ses initiateurs comme «le plus important jamais organisé par l'Alliance, depuis la fin de la Guerre froide» n'a pas d'autre objectif que celui de montrer les muscles en réponse aux manoeuvres russo-chinoises du mois dernier, en Sibérie orientale. Il s'agissait alors des «plus vastes manoeuvres militaires de l'histoire de la Russie» et le choix de l'Extrême-Orient russe comme champ de bataille n'avait pas été fortuit. En pleine guerre commerciale entre Washington et Pékin, le message apparaît limpide et Vostok 2018 se devait de marquer les mémoires surtout occidentales. Voilà une raison nécessaire et suffisante, selon l'amiral américain James Gordon Foggo, commandant en chef de cet exercice et conférencier de haute voltige au siège de l'Otan, à Bruxelles, pour convaincre les 29 Etats membres de l'Alliance atlantique que l'heure est venue de «prouver que nous sommes en mesure de nous défendre et montrer notre unité». Est-ce à dire qu'il y avait quelque doute à ce propos? Bien sûr que non, et il suffit de se référer aux moyens dont dispose l'organisation pour cet exercice: quelque 50 000 militaires, 150 avions, 60 navires et quelque 10 000 véhicules seront engagés dans ces manoeuvres terrestres et amphibies qui doivent débuter le 25 octobre pour s'achever le 7 novembre prochain. Mais, rassurez-vous, a tenu à dire l'amiral Foggo, «Trident Juncture» est juste une opération de défense collective et «elle ne vise aucun pays en particulier». Le monde est, du coup, soulagé par cet à-propos que ne désavoueraient pas les diplomates les plus chevronnés!