Le virus H5N1 a tué plus de soixante personnes depuis son apparition en Asie en 2003. Alors que la planète entière est «prise de fièvre» à cause de la catastrophe annoncée sur l'humanité, l'Algérie donne encore une fois l'impression d'évoluer en marge du reste du monde. La grippe aviaire, nos responsables n'en parlent que lorsqu'ils sont interpellés. Ailleurs dans le monde c'est le branle-bas de combat. Quarantaine imposée à un village turc, abattage de toutes les volailles d'un foyer de grippe aviaire en Roumanie. Bruxelles s'inquiète de l'insuffisance de stocks antiviraux dans les pays de l'Union européenne, des experts européens qui prévoient une conférence sur cette maladie les 7 et 8 décembre à Londres, appellent l'UE à financer un prototype de vaccin. Toutes ces actions interviennent après la découverte, aux portes de l'Europe, en Turquie, en Roumanie et en Norvège d'un foyer d'infection par le virus de la grippe aviaire. Rappelant la fameuse grippe espagnole qui a provoqué la mort de plus de 50 millions d'individus, l'actuelle pandémie qui n'est qu'à ses premières victimes humaines, semble affoler tant les politiques que les scientifiques de l'OMS qui, même s'ils n'avancent pas des chiffres aussi catastrophiques, n'en signalent pas moins la dangerosité à l'échelle planétaire. Autrement dit, aucune nation ne peut affirmer être totalement à l'abri de cette pandémie qui, chaque jour, progresse et devient de fait, de plus en plus difficile à combattre. De là à déclarer la grippe aviaire incontrôlable, il n'y a qu'un pas que l'humanité tente, vaille que vaille, de ne pas franchir. Mais ce pas est peut-être en train d'être franchi par les oiseaux migrateurs qui, aux dernières nouvelles sont bel et bien porteur du virus. En effet, la Thaïlande a mis au jour un nouveau foyer de grippe aviaire chez des moineaux sauvages. La découverte a eu lieu dans la province de Ratchaburi (Ouest). Quelque 300 prélèvements effectués sur des oiseaux se sont avérés positifs au virus de la grippe aviaire H5N1. Cette donnée rend quasi inefficaces tous les efforts des gouvernements pour circonscrire la maladie. Et pour cause, si l'on peut contrôler les ports, les aéroports et les frontières terrestres, l'on ne peut rien contre des oiseaux qui, eux, ne connaissent pas de frontières dans leur migration. Le docteur Ourida Amir, vétérinaire dans le secteur public, estime justement que «si l'Algérie est formellement à l'abri d'une contamination pour la simple raison que ses importations en poules pondeuses n'émanent pas des pays actuellement infectés, le danger pourrait néanmoins provenir des oiseaux qui peuvent être porteurs du virus». Les spécialistes algériens n'écartent, en effet, pas une éventuelle déclaration de la maladie dans le pays. Et à ce propos, l'ensemble des services vétérinaires des quatre coins de la République sont sur le pied de guerre. Cela dit, cette mobilisation semble quelque peu disparate, en l'absence d'une véritable information du grand public. En effet, il est clair que sur ce chapitre, les pouvoirs publics n'ont pas brillé par une communication efficace. Alors que les Algériens sont bombardés par des informations émanant du monde entier, ils ne savent strictement rien de ce qui se fait en Algérie, en matière de prévention. Certes, il a été déclaré par les autorités compétentes l'existence d'un plan drastique en termes de contrôle des importations, mais cela demeure très insuffisant dans la mesure où les Algériens ne sont pas informés de l'attitude à adopter en cas de déclaration de la grippe aviaire dans leur pays. Dans le chapitre de la prévention, le ministère de la Santé a informé de son intention d'importer un important lot de vaccin destiné aux personnes âgées de plus de 65 ans, catégorie sociale particulièrement sensible à la maladie. Mais la décision du ministère est-elle suffisante, sachant que même les Européens sont en train de crier à la rupture de stock en de tels produits. La situation, même si présentement n'est pas trop inquiétante, impose, affirment des spécialistes, une démarche stratégique. Dans le cas d'une propagation à l'échelle mondiale du virus, l'Etat qui fabriquera le fameux médicament disposera d'un pouvoir immense sur les autres nations. Aussi, préconise-t-on de demander à Saïdal de fournir à l'Etat un vaccin contre la grippe aviaire. En tout état de cause, tant qu'il existe encore des volatiles porteurs de la maladie, la vigilance sera toujours de mise.