Répit n Après avoir été, pendant plusieurs mois, au centre de toutes les discussions et des bulletins d'information, la grippe aviaire est, ces dernières semaines, reléguée au second plan. Présentée comme le fléau du siècle et une menace pour l'avenir de l'humanité, la grippe aviaire a, depuis l'année 2001, tenu en haleine l'humanité entière. De Hongkong à Paris et de Tokyo à New York en passant par Le Caire, Ouagadougou et Oued R'hiou, l'«ogre» fait peur à tous. Quelle que soit sa puissance, chaque nation se sent faible, voire impuissante devant cet Attila microscopique qui avance sans se soucier des frontières et des différences de langues ou de cultures. Ainsi, en rentrant chez lui, le citoyen du monde retrouve sa place devant le poste de télévision pour avoir droit à sa dose de termes médicaux glanés par des journalistes faisant des aller-retour entre les dernières dépêches du «front» et les commentaires d'éminents médecins. La peur s'installe, rappelant les images, dans les années 1930, de la panique provoquée par une émission de radio aux Etats-Unis, annonçant le débarquement de Martiens sur la planète Terre. Ces Martiens réfléchiront à deux fois, aujourd'hui, avant de coloniser une planète infestée par le virus de la grippe aviaire. C'est dire la détresse qu'ont vécue les cinq milliards de Terriens durant cinq années d'incertitude. Et voilà que le feuilleton de la grippe aviaire connaît une interruption brutale, les derniers jours du mois de mars et ce, jusqu'au début de mai 2006. «A la bonne heure», dirions-nous, mais c'est à se demander les raisons d'une pareille accalmie. Le virus se serait-il essoufflé en parcourant des milliers de kilomètres ? Serait-il toujours en activité sans que les gouvernements l'avouent pour éviter que la panique ne se mondialise ? Ou encore la carte «grippe aviaire» ne ferait-elle plus recette ? Il faut dire que derrière tout le tapage médiatique, les laboratoires tournaient à plein régime pour produire l'antidote. Et ce sont les laboratoires Roche qui présenteront la formule magique appelée Tamiflu. Jamais un remède n'aura été autant médiatisé. Ce nom sera prononcé dans toutes les langues, avec toutes les déformations possibles, avant que chaque pays ne lui donne une touche nationale. En Algérie, il s'appellera Saiflu. L'avancée de la grippe aviaire aura quand même laissé au monde le temps de se préparer pour tenir une défense farouche grâce aux milliards de dollars dépensés pour «la cause». Néanmoins, quand arriva le moment d'en découdre, l'ennemi s'étant éclipsé. S'agit-il d'une stratégie, d'une reddition ou la fin d'un scénario catastrophe ?