Depuis 1988, la Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique sud, est lancée dans un difficile processus de décolonisation par étapes, qui va déboucher le 4 novembre prochain sur un référendum posant la question de son indépendance. Tous les Néo-Calédoniens ont en mémoire les tensions des années 80, avec le boycott en 1984 des élections territoriales par les indépendantistes du FLNKS et l'assaut sanglant de la grotte d'Ouvéa, le 5 mai 1988: 19 kanak tués ainsi que deux militaires. Moins de deux mois après, le 26 juin 1988, les accords dits «de Matignon» sont conclus entre Jean-Marie Tjibaou pour le FLNKS (indépendantiste), Jacques Lafleur pour le RPCR (anti-indépendantiste) et le Premier ministre socialiste Michel Rocard. Ratifiés lors d'un référendum le 6 novembre 1988, ils créent trois provinces (Nord, Sud, Iles Loyauté) et prévoient l'organisation d'un scrutin d'autodétermination dans les dix ans. Mais le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou, président du FLNKS, est tué par le kanak indépendantiste Djubelly Wéa, qui ne lui a pas pardonné ces accords. Wéa tire aussi sur Yeiwéné Yeiwéné, autre figure du FLNKS, avant d'être abattu par un garde du corps. Dix ans plus tard, le 5 mai 1998, la signature de l'accord de Nouméa, sous l'égide du Premier ministre Lionel Jospin, lui aussi socialiste, instaure un processus de décolonisation sur vingt ans. Ce texte fondateur, ratifié à 72% par les Calédoniens lors d'un référendum, organise l'émancipation de l'archipel entre 2014 et 2018 au plus tard. Le vote du 4 novembre sera-t-il son couronnement?