La décision du nouveau chef de l'Etat brésilien, Jair Bolsonaro, de transférer l'ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem est un appel du pied à l'adresse de son homologue américain Donald Trump dont il partage avec une ferveur et une admiration assumées les idées et les mesures les plus droitières. Et pour cause, il incarne lui-même des convictions encore plus radicales que le milliardaire de la Maison-Blanche et sa ligne politique a été clairement définie par le vice-président qui a fait campagne auprès de lui, le général de réserve Hamilton Mourao, qui a affirmé, dans un entretien au site Uol, que le gouvernement Bolsonaro exercerait des «pressions diplomatiques» contre le Venezuela tout en appelant à la fin de «l'antiaméricanisme puéril» en Amérique du Sud. Un programme on ne peut plus explicite. Le futur ministre de la Défense du président d'extrême droite Jair Bolsonaro a défendu mercredi la décision de recourir à des snipers des forces de sécurité pour endiguer la criminalité armée au Brésil. «C'est une réaction nécessaire au port ostensible d'armes de guerre à Rio, en particulier par des jeunes», a en effet déclaré le général de réserve Augusto Heleno, à la Radio Nacional, à propos de la proposition de tireurs. Presque à la cantonade, le gouverneur élu de Rio, Wilson Witzel, qui représente la mouvance d'extrême droite, a lui aussi provoqué le tollé en agitant la même menace des snipers pour abattre les criminels armés, quand bien même ils ne sont pas agressifs pour des policiers. Et pour couronner le tout, le juge Sergio Moro, «tombeur» de l'ex-président emprisonné Lula, va devenir ministre de la Justice et de la Sécurité publique du gouvernement d'extrême droite que Bolsonaro mettra à l'oeuvre dès le début janvier 2019. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce qu'il place la question du transfert de l'ambassade à El Qods, bafouant les engagements des dirigeants qui l'ont précédé et qui ont fait de la reconnaissance de l'OLP et de l'Etat palestinien une décision majeure. Pas plus qu'il ne se préoccupe du caractère illégal de cette promesse qui, pour Hanane Achraoui, membre dirigeante de l'OLP, est «une mesure provocatrice» et un déni du droit international, sinon même une contribution directe aux tensions régionales que la politique israélienne fait constamment peser sur le Moyen-Orient. En décidant de s'agenouiller pour séduire l'administration Trump et, derrière elle, les lobbies sionistes, Jair Bolsonaro tente de se défendre d'avoir porté atteinte au peuple palestinien et aux peuples arabes et musulmans qui considèrent El Qods comme le troisième lieu saint le l'Islam. Pourtant, c'est bien ce qu'il fait et de gaieté de coeur, sans que personne ne le lui ait demandé. Netanyahu, qui a salué cette «décision historique» et pour lequel Bolsonaro a exprimé pleinement le «respect», trouvera là, matière à enfoncer le clou de la colonisation des territoires palestiniens occupés, sachant qu'au Brésil, le nouveau président a choisi la voie de son maître.