Pyongyang avait refroidi l'atmosphère en menaçant, la semaine dernière, de reprendre le développement de son arsenal nucléaire si les sanctions qui étouffent son économie n'étaient pas levées. Nouveau contretemps dans les négociations sinueuses sur la dénucléarisation de la Corée du Nord: le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé le report à la dernière minute, et sans avancer de raison, d'une rencontre prévue aujourd'hui avec le bras droit de Kim Jong Un. Cette réunion, qui devait avoir lieu à New York avec Kim Yong Chol, un des plus proches collaborateurs du dirigeant nord-coréen, sera organisée «à une date ultérieure», «quand nos agendas respectifs le permettront», a informé, mardi en fin de soirée, la porte-parole du département d'Etat américain, Heather Nauert. Mike Pompeo devait profiter de ce nouveau rendez-vous pour tenter d'arracher des progrès concrets dans le dossier de la dénucléarisation et pour préparer un nouveau sommet entre le président américain Donald Trump et Kim Jong Un. «Les discussions en cours se poursuivent», a assuré Heather Nauert. «Les Etats-Unis restent concentrés sur le respect des engagements pris par le président Trump et le président Kim au sommet de Singapour, en juin». Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a jugé le report «regrettable» mais estimé que les «interprétations exagérément pessimistes» ne se justifiaient pas. A Singapour, lors du premier tête-à-tête historique, Kim Jong Un avait promis d'oeuvrer en faveur d'une «dénucléarisation complète de la péninsule coréenne» en échange d'une levée progressive des sanctions. Mike Pompeo a ensuite été chargé de négocier, notamment avec Kim Yong Chol, l'un des plus hauts dirigeants nord-coréens, le contenu et le calendrier de cet engagement. Début juillet, le secrétaire d'Etat américain était ainsi rentré bredouille d'une visite en Corée du Nord, et fin août, Donald Trump avait annulé à la dernière minute un autre déplacement à Pyongyang, évoquant l' «absence de progrès». Depuis, les négociations semblent relancées avec, en ligne de mire, un deuxième sommet dans un futur proche.»Nous aurons une bonne occasion de poursuivre les discussions autour de la dénucléarisation», avait déclaré dimanche Mike Pompeo, en annonçant sa prochaine rencontre avec Kim Yong Chol. «Je m'attends à ce que nous fassions de réels progrès, notamment pour que le sommet entre nos deux dirigeants puisse se tenir», avait-il ajouté. Mais Pyongyang avait refroidi l'atmosphère en menaçant, la semaine dernière, de reprendre le développement de son arsenal nucléaire si les sanctions qui étouffent son économie n'étaient pas levées. C'est le principal point d'achoppement dans ce rapprochement spectaculaire entre les deux pays ennemis, dont les dirigeants échangeaient invectives et menaces de guerre nucléaire il y a encore un an. Pyongyang, qui a cessé les tirs de missiles et essais atomiques mais n'a jusqu'ici pris aucune mesure considérée comme irréversible pour démanteler son programme nucléaire, exige des contreparties américaines pour continuer à avancer. Et notamment un allègement des sanctions internationales, avec le soutien plus ou moins explicite de la Russie et de la Chine, ainsi que de la Corée du Sud, alliée des Etats-Unis mais dont le président Moon Jae-in est déterminé à tourner la page des tensions. Or Washington promet de maintenir la pression économique tant que la dénucléarisation ne sera pas «définitive et entièrement vérifiée».