La France a voté contre la «fake news» qui alimente les médias à travers les réseaux sociaux. La France a ainsi pris exemple sur les Etats-Unis. Avant 2016 et l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, l'enjeu majeur était de défendre le pluralisme de l'information en donnant un accès égal aux médias reflétant les différentes sensibilités politiques et opinions. Mais aux Etats-Unis, le New York Times, CNN et Fox pouvaient informer les citoyens américains à leur manière. Le débat d'idées était virulent, mais il reposait sur un consensus autour d'une même pratique et éthique du journalisme. Les fausses nouvelles et théories du complot existaient, mais restaient non reprises par la presse en général. Mais cette ligne a été dépassée quand quelques semaines avant l'élection du 8 novembre 2016, la courbe des «fake news» partagées sur les réseaux sociaux américains est passée nettement devant celle des «real news». De marginale, la «fake news» est devenue un acteur incontournable du marché de l'information et surtout un anathème que chacun s'envoie à la figure. C'est pourquoi la France a pris les devants pour se protéger contre la fausse information. Il fallait installer un dispositif juridique et législatif. La proposition de loi est arrivée le 7 juin devant l'Assemblée française où, selon les plans initiaux, elle devait être adoptée dans la journée. C'était sans compter avec la mobilisation de l'opposition, de gauche comme de droite, qui avait déposé près de 200 amendements et souligné dans une atmosphère tendue les limites du texte. La séance a été suspendue à 1 heure du matin et le vote de la loi reporté au 4 juillet. Le texte y a été adopté sans souci à 52 voix pour et 22 contre. Ce texte a réuni contre lui le Sénat, qui a rejeté par deux fois la proposition de loi; l'ensemble des partis politiques, à l'exception de La République en marche, et les syndicats de journalistes. Certains ont dénoncé une censure d'Etat et une loi liberticide, d'autres un texte inutile, la loi sur la liberté de la presse de 1881 en cadrant déjà le délit de fausse nouvelle. Il aura fallu deux allers-retours entre l'Assemblée nationale et le Sénat, entre juin et fin novembre, pour arriver à ce résultat. Le texte s'articule en trois axes. Tout d'abord, le dispositif ne s'applique que dans les trois mois précédant un scrutin national et ne concerne que les tentatives de manipulation de l'opinion sur les réseaux sociaux. Saisi par un candidat, un parti politique ou une association de citoyens, le juge des référés dispose de 48 h pour décider ou non de faire retirer la fausse nouvelle des plateformes Internet.L'objectif: obliger les réseaux sociaux à faire oeuvre d'une grande transparence en période électorale. Ils doivent clairement indiquer qui a payé, et combien, pour pousser certains messages sur les fils d'actualité d'internautes ciblés en fonction de leur profil socio-démographique. [email protected]