Un axe stratégique entre la mer Noire et la mer d'Azov Selon les services de sécurité russes, les navires ukrainiens n'auraient pas répondu aux «demandes légales» des navires russes, leur intimant de s'arrêter, et auraient «mené une manoeuvre dangereuse», en violation des frontières russes. Les tensions entre l'Ukraine et la Russie autour de la mer d'Azov ont connu une brusque flambée dimanche lorsque Kiev a accusé la Russie d'avoir percuté un navire ukrainien et bloqué l'accès à cette petite mer, située entre la Crimée, annexée en 2014 par Moscou, et l'est de l'Ukraine, théâtre d'un conflit avec des séparatistes. L'Ukraine a accusé dans la soirée les Russes d'avoir capturé plusieurs de ses navires après leur avoir tiré dessus dans cette zone stratégique. Les bateaux - deux vedettes blindées, le Berdiansk et le Nikopol, et le remorqueur Iani Kapu - tentaient d'entrer depuis la mer Noire dans le détroit de Kertch, séparant la Crimée de la Russie et marquant l'accès à la mer d'Azov. Sur un total de 23 militaires à bord, six ont été blessés dont deux grièvement, selon l'armée ukrainienne. La Russie a confirmé hier avoir capturé trois bateaux ukrainiens dans le détroit de Kertch, marquant l'accès à la mer d'Azov. «Afin d'obliger les navires militaires ukrainiens de s'arrêter, il a été fait usage d'armes», ont déclaré les services de sécurité russes (FSB), cités par les agences russes, affirmant que «les trois navires de la marine ukrainienne ont été arraisonnés». «Trois membres du personnel ukrainien blessés ont reçu des soins médicaux. Leurs vies ne sont pas en danger», ont ajouté les services de sécurité. «Ayant violé ce matin la frontière russe, les navires ukrainiens - le Berdyansk, le Nikopol et le Yani Kapu - ont tenté une nouvelle fois le 25 novembre à 19h00 (heure de Moscou) de mener des actions illégales dans les eaux territoriales russes», a indiqué le FSB. Selon les services de sécurités russes, les navires ukrainiens n'auraient pas répondu aux «demandes légales» des navires des autorités russes, leur intimant de s'arrêter, et auraient «mené une manoeuvre dangereuse». Le FSB a également indiqué que des poursuites avaient été engagées pour avoir violé les frontières russes. Les gardes-frontières russes qui ont arraisonné dimanche les trois navires ukrainiens dans le détroit de Kertch ont agi «en stricte conformité avec le droit international», a assuré hier le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov au lendemain de cet incident sans précédent. «La partie russe a agi en stricte conformité avec la législation, à la fois le droit international et le droit intérieur», a-t-il déclaré aux journalistes, précisant qu'il s'agissait d'une «intrusion de navires de guerre étrangers dans les eaux territoriales de la Fédération de Russie» Le président du Conseil européen Donald Tusk a «condamné» hier «l'usage de la force par la Russie en mer d'Azov» et une réunion des représentants des Etats membres à Bruxelles a été convoquée pour faire «un point de la situation», ont annoncé plusieurs sources. Une réunion du Comité politique et de Sécurité de l'UE (COPS) a été convoquée hier afin de faire un point sur la situation, a-t-on déclaré de sources européennes. Aucune décision n'est toutefois attendue de ces réunion au niveau de l'UE, ont-elles souligné. L'Ukraine a demandé à ses alliés d'imposer de nouvelles sanctions à la Russie, mais les Européens sont très divisés sur cette demande. Enfin, la Turquie a exprimé son «inquiétude» face aux tensions entre Moscou et Kiev autour de la mer Noire et a appelé à éviter l'escalade entre les deux pays, selon le ministère turc des Affaires étrangères. «Nous accueillons avec inquiétude les nouvelles selon lesquelles le feu a été ouvert sur des navires ukrainiens et selon lesquelles il y a des blessés», a déclaré la diplomatie turque dans un communiqué. «Nous appelons à des actions de bon sens et de modération pour éviter l'escalade et au respect du droit international», a poursuivi le texte. «En tant que pays riverain de la mer Noire, nous insistons que les passages dans le détroit de Kertch ne doivent pas être bloqués», a ajouté Ankara. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui coopère étroitement avec le président Vladimir Poutine, a par ailleurs reçu le président ukrainien Petro Porochenko, à deux reprises cette année en Turquie. Des pourparlers menés entre MM. Erdogan et Poutine avaient notamment permis, l'année dernière, la libération par la Russie de deux importants représentants de la communauté des Tatars de Crimée.