Les tensions entre l'Ukraine et la Russie autour de la mer d'Azov ont connu une brusque flambée dimanche lorsque Kiev a accusé la Russie d'avoir percuté un navire ukrainien et bloqué l'accès à cette petite mer, située entre la Crimée, annexée en 2014 par Moscou, et l'est de l'Ukraine, théâtre d'une guerre avec les séparatistes prorusses. La situation s'est rapidement dégradée, l'Ukraine accusant dans la soirée les Russes d'avoir capturé ces navires après leur avoir tiré dessus dans cette zone stratégique. Les bateaux – deux vedettes blindées, le Berdiansk et le Nikopol, et le remorqueur Iani Kapu – tentaient d'entrer depuis la mer Noire dans le détroit de Kertch, séparant la Crimée de la Russie et marquant l'accès à la mer d'Azov. Sur un total de 23 militaires à bord, six ont été blessés dont deux grièvement, selon l'armée ukrainienne. La Russie a confirmé l'arraisonnement et l'"usage d'armes", en accusant les navires ukrainiens de "mener des actions illégales dans les eaux territoriales russes" et faisant état de trois Ukrainiens blessés. L'Ukraine "a violé les principes de base du droit international, non seulement celui de la mer, mais aussi le droit international en général, dont la Charte de l'ONU, y compris la convention des Nations unies sur le droit de la mer 1982 ainsi que d'autres outils de la législation internationale qui exigent de tous les Etats de respecter la souveraineté des autres", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'un point de presse. "La Russie appelle de façon décisive les tuteurs occidentaux de Kiev à calmer ceux qui cherchent maintenant à gagner des points politiques à l'approche des élections et d'autres événements en Ukraine", a-t-il ajouté. "La partie russe a agi en stricte conformité avec la législation, à la fois le droit international et le droit intérieur", a réagi pour sa part le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précisant qu'il s'agissait d'une "intrusion de navires de guerre étrangers dans les eaux territoriales de la Fédération de Russie". "Nous attendons de la Russie qu'elle restaure la liberté de passage dans le détroit de Kertch et nous appelons toutes les parties à agir avec le maximum de retenue afin d'aboutir à une désescalade immédiate de la situation", a exhorté l'Union européenne. L'Otan a aussi appelé "à la retenue et à la désescalade". L. M./Agences