Pour la première fois, se produiront les Touaregs takouba de Tamanrasset mais aussi Raïna raï et chabba Zahouania. Du 28 octobre dernier jusqu'au 13 novembre, plus de 85 spectacles et rencontres en tout genre sont donnés à l'occasion du Festival arabe de Montréal. De la Tunisie, du Maroc de la Turquie, de l'Inde avec ses danses du serpent, du Liban qui rend hommage à Oum Keltoum, de l'Irak avec le musicien Nasser Shamma, le pays qui se taille la part du lion cette année, en nombre d'activités, est bel et bien l'Algérie. En effet, expo, spectacle de danse, cinéma, musique, l'Algérie sera partout, confirmant le renforcement des échanges et partenariat entre le Canada et l'Algérie. Une action qui témoigne de la dynamique de tolérance et réflexion qui caractérise cette 6e édition de ce festival placé sous le signe de la dualité Occident/Monde arabe. Par son cosmopolitisme, Montréal est aujourd'hui devenu un cadre qui se prête à l'ouverture vers une culture arabe qui aujourd'hui tend au renouvellement tout en gardant ses particularités. Ainsi, pour la première fois, se produiront à Montréal les hommes bleus du désert, plus précisément les Touaregs takouba de Tamanrasset qui subjugueront sans nul doute les spectateurs avec leur musique hypnotique, leurs chants et danses sahariennes mais aussi leurs mélopées qui semblent couler comme le sable, le vent, voire le temps et l'espace. Pour la première fois également, une soirée rockn'raï sera animée par le groupe légendaire, à sa tête le leader qui n'est plus à présenter, Lotfi Attar ainsi que chabba Zahouania, la voix du blues, Ella Fitzgerald dialna. Un songe d'une nuit d'automne est le conte onirique dans lequel Adel Salamah et l'Algérienne Nazihah Azzouz comptent s'émouvoir pour transporter plus d'un vers un océan de cultures. Décrite par un journaliste français comme «venant du paradis», Nazihah est une spécialiste en chant médiéval méditerranéen. Un autre Algérien est Nedjim Bouizzoul, du groupe Labess. Avec lui, le public sera transporté de l'autre côté de l'Atlantique au rythme d'une voix chaude et rocailleuse soutenue par des artistes tels Mourad, Michel Dubeau et Pierre Emmanuel. Le spectacle proposera un automne montréalais en Afrique du Nord à travers un voyage dans les souvenirs quasiment partagés par la majorité des nouveaux immigrants maghrébins. L'Algéro-québécoise, Lynda Thalie, dévoilera tous ses charmes, le reflet de la nouvelle réalité québécoise telle qu'elle est aujourd'hui, diversifiée, riche et ouverte. Une approche unique où les influences occidentales se laissent délicieusement envelopper d'une magie orientale omniprésente. Notons que Lynda Thalie se produira de nouveau à Alger au grand bonheur de ses fans, le 24 novembre courant à la salle Ibn Khaldoun. Au programme du Festival arabe de Montréal, on remarquera également le nom de cheb Fayçal qui reprendra les plus grands succès du raï chantés par les femmes (cheikhate). Le chanteur montréalais d'origine algérienne, promet de faire vibrer l'Algérie et d'offrir une soirée des plus endiablées. Le Festival du monde arabe a pour mission de s'ouvrir à tous les artistes provenant de tous les horizons culturels, aux autres diffuseurs et producteurs, pour créer un haut lieu de rencontres et d'échanges et donner aux festivaliers un large éventail de choix d'activités de qualité. Aussi, côté cinéma, on peut distinguer la participation de six films algériens qui seront projetés entre fiction et documentaires, et ce, depuis le 29 octobre dernier jusqu'au 11 novembre. On citera la comédie sociale Sahara blues de Rabah Bouberras (1990), Premier pas de Mohamed Mouamari (1979). L'histoire d'un couple moderne face à la question de l'émancipation féminine (1979), Vent de sable de Mohamed Hamina (1982), Femmes d'Alger dans leur appartement (1992), un documentaire de Kamel Dehane qui nous mène dans un voyage, dans cette moitié de l'Algérie qui sort de l'ombre pour parler. En compagnie d'Assia Djebar, le cinéaste va à la rencontre de cinq femmes d'Alger de toutes les générations pour nous faire connaître leur vie... Sera projeté également à Montréal La bataille d'Alger (1965) de Gillo Pontecorvo qui met en scène l'affrontement sanglant entre les paras du colonel Mathieu et les troupes du FLN dans la Casbah d'Alger en 1957. Assia Djebar, aujourd'hui premier écrivain arabe de l'Académie française, présentera son premier film de fiction La nouba des femmes du Mont Chenoua (1977). Il met en scène une femme de trente ans, Lila, architecte, et son retour dans sa région natale, vers les montagnes du Chenoua, en compagnie de sa fille et le rapport avec son mari, immobilisé sur une chaise roulante suite à un accident. On pourra, pourquoi pas, retenir ainsi le nom du documentaire de Samir Abdellah et José Reynès, Ecrivain des frontières (2003), car produit par un Algérien tout de même, Djamel Sellani. Le documentaire suit à la trace une délégation d'écrivains de 8 pays ayant répondu à l'appel du poète palestinien, Mahmoud Darwich.