L'hiver n'est pas encore installé que les marchands de bois pointent déjà le nez. En effet, comme chaque année - notamment ces quatre dernières années - en pareille période, les marchands de bois ne cessent d'affluer de Bouandas, localité limitrophe à Boukhelifa. Le bruit strident des tronçonneuses se fait entendre pratiquement tous les jours dans toute la région de Boukhelifa et ses environs immédiats. C'est ainsi que des arbres réputés pour leur beauté, leur utilité et leur résistance, notamment le frêne et le saule au feuillage vert, blanc et bleu sombre, sans oublier le caroubier qui tend à disparaître en dépit de sa grande utilité économique (matière exportée), sont sacrifiés ou plutôt cédés entre 1000 et 3000 DA, parfois gratuitement pour s'en débarrasser, à des négociants en bois venant de Bouandas, daïra relevant de la wilaya de Sétif, région réputée pour ses hivers rudes et où le marché du bois est lucratif vu le recours des ménages à ce combustible en cette période. Par ailleurs, cette nouvelle spéculation de par son aspect commercial et de surcroît durable, fera disparaître dans un proche avenir une bonne partie de notre couvert végétal déjà en proie à des incendies répétitifs qui se déclenchent pratiquement chaque année, avertissent quelques esprits avisés. On n'a même pas épargné le frêne qui constitue une matière importante, voire indispensable pour le bétail dont dispose la majorité des foyers, dit un autre. Certes en agissant ainsi, le négociant en bois ne fait qu'accéder à des demandes de propriétaires pressés de se débarrasser de leurs arbres mais ignorant tout de l'équilibre écologique. Quand un fait menace la communauté, cela relève de l'intérêt général, d'où la nécessité de l'intervention des services concernés pour faire cesser le massacre, estime-t-on. Cela dit, ce qui est à la fois triste et injuste, c'est que ces arbres, plusieurs fois centenaires et résistants, notamment le frêne et le saule et même le figuier à feuilles caduques, sont très utiles à l'équilibre de l'écosystème. Ainsi, de longues années de vie partent en fumée en quelques minutes par des scieurs professionnels. En outre, c'est pendant l'été qu'ils commencent à donner des feuilles à leurs branches dénudées et c'est à ce moment-là que l'on en a grandement besoin. C'est toujours sous ces arbres que le paysan fatigué trouve le repos et la fraîcheur, le romantique, le bonheur, l'artiste, sa muse et, l'animal, un moment de répit. Cela sans parler de son grand (l'arbre) apport dans la consolidation du sol à même d'éviter tout glissement de terrains dangereux. L'hiver dernier est un exemple édifiant pour nous rappeler la fragilité du sol quand des forêts entières sont ravagées par des incendies. Quand la flore est menacée, la faune l'est aussi et l'homme instigateur de ce massacre en subit les conséquences. Toutefois, cela n'intéresse apparemment que quelques âmes éprises de la nature. Mais ne dit-on pas qu'ignorer un problème cela ne signifie pas en être épargné? Plutôt prendre conscience du danger, c'est déjà solutionner le problème à moitié.