Des marchands de bois qui ne cessent d'affluer de Bouandas, localité limitrophe à Boukhelifa, n'augurent rien de bon pour la flore que constitue le patrimoine forestier de la commune de Boukhelifa. En effet, l'hiver n'était pas encore installé (octobre-novembre) que ces marchands de bois pointaient déjà le nez. Le bruit strident des tronçonneuses se fait entendre pratiquement tous les jours dans toute la région de Boukhelifa et ses environs. C'est ainsi que des arbres réputés pour leur beauté et leur résistance, notamment le frêne et le saule au feuillage vert, blanc et bleu sombre, sans oublier le caroubier qui tend à disparaître en dépit de sa grande utilité, sont sacrifiés ou plutôt cédés entre 1000 et 3000 DA, parfois gratuitement pour s'en débarrasser à des marchands de bois venant de Bouandas, daïra relevant de la wilaya de Sétif, région réputée pour ses hivers rudes et où le marché du bois est lucratif vu le recours des ménages à cette matière combustible en cette période. Par ailleurs, cette nouvelle spéculation fera disparaître, dans un proche avenir, si elle persiste, une bonne partie de notre couvert végétal déjà en proie à des incendies répétitifs qui se déclenchent pratiquement chaque année, avertissent quelques esprits avisés. «On n'a même pas épargné le frêne qui constitue une matière importante, voire indispensable pour le bétail», dit un autre. Cela dit, ce qui est à la fois triste et injuste, c'est que ces arbres, notamment le frêne et le saule à feuilles caduques, sont très utiles à l'équilibre écologique. En outre, c'est pendant l'été qu'ils commencent à donner des feuilles à leurs branches dénudées et c'est à ce moment-là que l'on en a grandement besoin. C'est toujours sous ces arbres que le paysan fatigué trouve le repos et la fraîcheur, le romantique, le bonheur, l'artiste, sa muse et, l'animal, un moment de répit. Quand la flore est menacée, la faune l'est aussi et l'homme instigateur de ce massacre en subira les conséquences. Toutefois, cela n'intéresse apparemment que quelques amoureux de la nature. Mais, ne dit-on pas que prendre conscience du danger, c'est déjà solutionner le problème à moitié.