L'université de Béjaïa a organisé, hier, un cycle de conférences en hommage à la mémoire du militant de la cause nationale Maurice Audin, un jeune mathématicien membre du Parti communiste algérien, qui a disparu, assassiné, au printemps 1957, par l'armée française. Le campus d'Aboudaou, qui a abrité une rencontre scientifique organisée par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a connu une activité qui diffère totalement de celles des précédentes rencontres du genre. Celle d'hier a drainé une foule nombreuse d'étudiantes et d'étudiants, venus écouter et suivre les différentes communications au programme de cette manifestation. Trois conférences ont été, en effet, retenues par les organisateurs autour de la thématique de l'enseignement des mathématiques. Animées par des médaillés Fields, la plus haute distinction mondiale dans la discipline des mathématiques, équivalent du prix Nobel. La première a été donnée par le professeur Cédric Villani, de l'université de Lyon, qui a axé sa conférence sur «l'enseignement de «la mathématique au XXIe siècle». Le professeur Ngô Bâo Châu, de l'université de Chicago, lui succédera pour développer «la fibration de Hitchin». Le professeur Abdellah Mokrane, de l'université de Paris VIIIe s'est, quant à lui, attardé sur le thème de «l'algorithme du Page Rank de Google». Maurice Audin est un mathématicien français du XXè siècle dont le nom et le destin sont restés liés à la guerre d'Algérie. Il est né le 14 février 1932 à Béja, en Tunisie, où son père était gendarme. Suivant les affectations de son père, il habite dans son enfance, successivement à Aïn Draham (toujours en Tunisie), puis à Bayonne où il vit lorsque la guerre éclate. Après l'armistice de juin 1940, il rejoint son père à Toulouse où ce dernier avait été démobilisé. Puis la famille émigre en Algérie, plus précisément à Koléa à la fin de l'année 1940. En 1943, alors qu'il est en cinquième, il devient pensionnaire à l'école militaire préparatoire de Hamman Righa jusqu'à sa dissolution en 1946. A l'université d'Alger il obtient un diplôme d'études supérieures en mathématiques en 1953. Il devient alors assistant de René de Possel à Alger, enseignant à l'université tout en préparant sa thèse sous la direction de ce dernier. La vie de Maurice Audin sera marquée par la réalisation de sa thèse et par son engagement politique. En 1951 il adhère au Parti communiste algérien. Il est anticolonialiste, participe à la diffusion de la presse communiste et apporte un soutien logistique aux militants passés dans la clandestinité. C'est l'hébergement d'un des dirigeants du Parti communiste algérien, Paul Caballero, alors qu'il doit être soigné par un médecin du parti, qui met les parachutistes sur sa trace. Ceux-ci l'arrêtent chez lui le 11 juin 1957.