Assurément les deux présidents de club ont marqué des points dans cette histoire. Il n'y a que le football à susciter autant de passions. L'hôtel El Djazaïr, un endroit habituellement calme en dépit des va-et-vient d'une clientèle sans cesse grandissante, a vécu samedi, en fin d'après-midi, un événement qui a focalisé l'attention de la presse sportive nationale. Il s'agissait de la réconciliation, sous l'égide du Comité olympique algérien, de deux des plus illustres clubs algériens que sont l'USM Alger et la JS Kabylie et pour laquelle les journalistes et photographes se sont déplacés en masse. Un événement politique ou culturel n'aurait jamais suscité autant d'intérêt. Le football, phénomène de société, tient une place vraiment à part chez nous. En tout cas si le sport algérien est sorti grandi de la cérémonie de samedi après-midi, on peut en dire de même du Comité olympique algérien et de son président, Mustapha Berraf, grands artisans de la réconciliation entre Saïd Allik et Moh Chérif Hannachi. Il faut, en effet, admettre que la démarche de Berraf avait fait dire à de nombreux sceptiques qu'elle sera couronnée par un cinglant échec. Le président du COA aura réussi à les faire taire parce qu'il a su se montrer convaincant mais aussi parce qu'il a eu en face de lui deux présidents qui ont su que les intérêts de leurs clubs respectifs passaient par la cessation de cette campagne de haine de l'un envers l'autre. Assurément Allik et Hannachi ont marqué des points dans cette histoire et ils auront plus de mérite s'ils parvenaient à faire passer le message auprès des supporters de leurs camps selon lequel à l'avenir il faudra parler de l'USMA et de la JSK en termes de fraternité et d'amitié. Cette action, Mustapha Berraf, l'a soulignée dans son discours de bienvenue en «rendant un hommage appuyé aux dirigeants des deux clubs pour leur attitude responsable qui dénote d'un haut degré de respect mutuel, de fair-play et d'éthique», ajoutant qu'il «était particulièrement heureux de l'attitude éminemment positive des dirigeants des deux clubs qui ont fait preuve, à chaque étape, d'un esprit de maturité qui honore le sport algérien». Le président du COA fera part de sa certitude que «rien ne pourra s'opposer, dorénavant, à ce que cet exemple de probité et d'honnêteté sportive ne profite à tous les jeunes Algériens épris de leur discipline sportive». En guise de conclusion, le premier responsable de l'instance olympique informera l'assistance «que le Comité olympique algérien se fera demandeur auprès des plus hautes instances de notre pays afin qu'elles affectent à nos deux prestigieux clubs et à tous ceux qui ont honoré la patrie, un terrain d'assiette pour abriter des centres de formation comme il en existe dans le monde..... Je me permets, pour cela, d'en appeler au premier élu du peuple algérien, Son Excellence le Président Abdelaziz Bouteflika, bien connu pour l'attachement particulier qu'il accorde à la propagation du développement sportif». Prenant, ensuite la parole, Moh Chérif Hannachi a tenu à rappeler les liens historiques qui existent entre les deux clubs, indiquant qu'il était temps qu'ils reviennent aux rapports de cordialité et d'amitié qui les animaient. Quant à Saïd Allik, il a surtout fait référence à la religion islamique qui préconise la réconciliation dès qu'il y a conflit, soulignant que depuis de nombreuses années, pas moins de 14 joueurs de l'USMA sont allés à la JSK et en sont revenus satisfaits. Avant de passer à la conférence de presse, très courte d'ailleurs, Allik et Hannachi ont procédé à la signature d'un accord de fair-play, d'éthique sportive et de lutte contre la violence. Selon les termes de cet accord, les deux parties conviennent de rétablir entre elles des rapports de fair-play dans tous les domaines de leur activité sportive, professionnelle et autre. Elles participeront, également, ensemble à la prévention et à la lutte contre la violence dans stades respectifs au cours de toutes les rencontres officielles et amicales. Elles s'engagent, par ailleurs, à mener des actions de sensibilisation auprès de leurs comités de supporters afin de préserver les bonnes conditions d'accueil et d'hospitalité des équipes respectives. Elles s'engagent, enfin, à mettre en place un comité restreint chargé du suivi de cet accord et s'interdisent toute déclaration de presse pouvant nuire à la bonne exécution de cet accord. Lors de la conférence de presse, Mustapha Berraf a indiqué que cet accord était définitif et non limité dans le temps. «Je peux vous assurer que les deux présidents sont animés d'une bonne intention et qu'ils feront leur possible pour qu'il soit appliqué et suivi rigoureusement» . L'absence de représentants de la FAF et de la LNF ayant été remarquée par les journalistes, Saïd Allik indiquera que aujourd'hui, il s'agit d'une journée de réconciliation entre deux clubs dans des moments particuliers de joie qu'il convient de ne pas gâcher . Tout le monde avait compris que le président de l'USMA ne semblait pas désireux que les deux instances du football algérien soient invitées à la cérémonie. La LNF a, quand même, tenu, hier matin, «à féliciter les deux clubs pour leur réconciliation qui, sans nul doute, servira l'intérêt supérieur du football national et constituera un exemple à l'ensemble des clubs. Elle souhaite que cet état d'esprit de conciliation et de fraternité se généralise à l'ensemble du monde sportif». Concernant le volet des comités de supporters des deux clubs, Allik et Hannachi ont invité la presse à les aider pour rapprocher les deux familles. Enfin comme nous l'avions annoncé dans notre édition de samedi, un match amical entre les deux clubs sera organisé au stade du 5-Juillet, le 11 décembre prochain, un match au cours duquel sera testé, pour la première fois l'accord qui vient d'être signé.