Photo de famille des deux délégations Le Premier ministre a convoqué le gotha des hommes d'affaires algériens, et coréens à l'instar du numéro deux mondial Hyundai, afin de parler business. Ouyahia n'a pas hésité à élever la voix avant de faire la promotion des opportunités qu'offre l'Algérie. L'hôtel El Aurassi était en fête hier... avec un accent bien coréen. Dès les premières heures de la matinée, cet établissement prestigieux a été pris d'assaut par plusieurs centaines de personnes, algériennes pour la plupart, mais aussi beaucoup asiatiques. Les accès au parking étaient difficilement accessibles provoquant même des embouteillages et ce jusqu'au Palais du gouvernement. Ce n'était pas un concert de K-pop, musique du pays du Matin calme, très populaire chez nos jeunes, mais une rencontre d'affaires! En effet, le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait convoqué tout ce beau monde pour parler business, en prenant à témoin son homologue sud -coréen, Lee Nak-Yon. Et pour cause, Ouyahia veut que le miracle coréen devienne... algérien! Le chef de l'Exécutif, qui avait devant lui le gotha des hommes d'affaires algériens et coréens à l'instar du numéro deux monde de Hyundai, ne s'est pas fait prier pour leur remonter les bretelles! Avec sa langue tranchée, il a fait savoir son mécontentement quant à la présence sud-coréenne, et ce, malgré le protocole d'accord stratégique scellé entre le président de la République Abdelaziz Bouteflika et son homologue coréen. «La présence des entreprises coréennes en Algérie reste modeste malgré leurs compétences connues à travers le monde», a-t-il pesté devant une salle qui l'avait accueilli en triomphe, les participants se mettant tous debout comme un seul homme. Mais cet accueil «royal» n'a en rien «adouci» les ardeurs du Premier ministre. Il renchérit avec la même rengaine. «Les sociétés coréennes se limitaient, durant de longues années, à conclure que des contrats de réalisation dans divers secteurs», a-t-il déploré. «Nous n'avons vu la conclusion de partenariats industriels qu'au cours de ces dernières années, qui avaient concerné, dans un premier temps, le domaine électronique avant de s'élargir actuellement au domaine de l'industrie automobile», a-t-il observé devant une salle qui paraissait trop exiguë pour accueillir toute cette foule, alors que c'est la même qui avait accueilli, il y a quelques semaines, la rencontre Opep- Non Opep. Mais Ouyahia semble miser sur l'expertise des Sud-Coréens pour faire éclore le «Made in bladi». C'est dans ce sens qu'il a appelé les présents à venir conquérir les marchés algériens avec des partenariats, qu'il souligne très bien, gagnant-gagnant. «Venez investir!», a-t-il insisté. «Vous serez gagnants à 100% avec un marché très prometteur de plus de 40 millions de consommateurs et surtout une porte vers l'Afrique, l'Europe et le Monde arabe», a-t-il mis en évidence sous une ovation générale. Ouyahia, qui insiste sur la relation d'amitié qui lie les deux pays, est allé dans une plaidoirie des plus «alléchantes» afin de vendre l'eldorado algérien. Un eldorado gagnant -gagnant «Vous allez vous positionner sur un marché protégé comme c'est le cas actuellement pour les industries de l'électroménager et de l'automobile à titre d'exemple», a-t-il souligné non sans omettre les nombreux avantages qui les attendent, notamment grâce aux partenariats entre les deux pays, mais aussi avec d'autres pays et régions économiques comme l'Union européenne. «Outre l'excellence des infrastructures, l'Algérie dispose d'un cadre juridique relatif aux investissements, qui offre des avantages importants comme l'exonération fiscale, sur une longue durée, et l'exonération de taxes douanières lorsqu'il s'agit de projets d'investissement dans le cadre du partenariat», a-t-il fait valoir. De surcroît, «le coût de l'énergie est bas et le foncier est disponible et mis à la disposition des investisseurs sous forme de concessions à un prix insignifiant», a-t-il encore précisé. Pour mieux appuyer ses arguments, il a rappelé toutes les avancés enregistrées durant les 20 dernières années, sous le règne du président de la République, Abdelaziz Bouteflika... «Vous êtes au nord du continent africain, dans un pays qui se distingue par sa stabilité, et ce, même s'il est situé dans une région qui connaît une spirale de crises et de conflits... Vous êtes dans un pays qui connaît un décollage économique important dont j'ai cité certains indicateurs. Vous êtes dans un pays prometteur dans la région du Maghreb et de l'Afrique du Nord et à la croisée des chemins entre l'Afrique, l'Europe et le Moyen-Orient», a-t-il soutenu pour conclure sa magistrale intervention. Cela semble avoir fait son effet. Puisque le Premier ministre coréen est allé dans le même «sens» que son ami algérien. Lee Nak-Yon a lui aussi tancé les hommes d'affaires de son pays. Un gage de sincérité dans un pays comme la Corée du Sud où chaque mot a son importance. «Votre mission est de hisser la coopération économique algéro-sud-coréenne au niveau du partenariat stratégique conclu entre les deux pays en 2006», a-t-il réclamé. «Mon ami Ouyahia et moi qui avons le même âge, sommes là pour vous faciliter votre mission», a-t-il assuré devant une foule très concentrée au regard de cet appel. Surtout que le Premier ministre du pays du Matin calme a tracé la feuille de route de ce que doivent être les investissements de son pays en Algérie. Les pistes du Premier ministre coréen... «Il reste un grand nombre de secteurs où les deux pays peuvent et doivent coopérer, je propose à cet égard, le renforcement de la coopération bilatérale dans l'industrie manufacturière», a-t-il dit mettant en avant le fait que c'était cette industrie le secret du «miracle» sud-coréen. «L'Algérie et la République de Corée peuvent également intensifier leur coopération, notamment dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans lequel la Corée du Sud a atteint un niveau de maîtrise élevé et mondialement reconnu», a-t-il poursuivi. Il a, dans ce sens, fait savoir qu'un protocole d'accord sera signé à l'occasion de son séjour en Algérie pour encourager la coopération dans les domaines des TIC et des énergies renouvelables.«Les TIC peuvent être utilisées dans l'agriculture, le transport et l'administration», a-t-il avancé en précisant que la Corée du Sud souhaite partager son expérience dans ce domaine avec l'Algérie. Il a aussi proposé d'élargir le partenariat algéro-sud-coréen à d'autres domaines comme les installations industrielles, citant, dans ce contexte, les centrales thermiques, les raffineries et les installations environnementales pour le traitement de l'eau et des déchets. «L'Algérie possède le plus grand territoire en Afrique et le troisième plus important gisement pétrolier du continent. Si la Corée du Sud peut contribuer à donner un nouvel élan à l'économie algérienne, cela constituera un immense honneur pour le peuple coréen», a-t-il mis en exergue pour montrer de façon «diplomatique» que les Coréens avaient beaucoup à gagner s'ils se mettaient à la conquête de l'Algérie. De beaux discours donc, qui, selon les deux Premiers ministres ainsi que les hommes d'affaires présents, devraient bientôt se concrétiser sur le terrain. Cela devrait commencer dés 2019 lors de la réunion du Comité mixte algéro-sud-coréen dont la dernière rencontre remonte à 2007. Une remise sur scène qui ambitionne de faire de ce rêve une réalité... «Gidae»! Environnement, douanes, investissements... 5 mémorandums d'entente signés Lee Nak-Yon n'est pas reparti les mains vides! Le Premier ministre coréen a signé cinq mémorandums d'entente avec son homologue algérien. Ces accords concernent les domaines de l'environnement, des douanes, de la mise en conformité et de l'accréditation, de l'investissement, ainsi que des énergies renouvelables. La cérémonie de signature a été précédée par des entretiens entre le Premier ministre, Ahmed Ouyahia et son homologue sud-coréen, qui se sont élargis ensuite aux délégations des deux pays. Pour rappel, la visite de trois jours du Premier ministre sud-coréen s'inscrit dans le cadre du renforcement des relations d'amitié et de coopération entre l'Algérie et la République de Corée liées par une Déclaration de partenariat stratégique signée en 2006 entre le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et son homologue sud-coréen. Les échanges commerciaux entre l'Algérie et la Corée du Sud se sont établis à 2,3 milliards de dollars en 2017 composés de près de 700 millions de dollars d'exportations algériennes (14e client de l'Algérie) et de 1,6 milliard de dollars d'exportations sud-coréennes (8e fournisseur de l'Algérie).