Des photos agrémentent ce livre qui rend hommage et immortalise, d'une autre manière, celle de l'écrit, l'un de nos artistes les plus marquants et à l'une des voix les plus exceptionnelles de la chanson algérienne. Samy El Djazaïri! Qui n'a pas été séduit et bercé par sa voix magique au moins une seule fois dans sa vie, en entendant l'un de ses titres célèbres en kabyle ou en arabe? Samy El Djazaïri est le genre d'artiste qui ne s'efface pas avec le passage des années, voire des décennies, car il a interprété des chansons que le temps n'érode jamais. «El Rahla», en arabe, et «Ahdad n'Ath Yanni», en kabyle, en sont des exemples édifiants. Pour conforter cette immortalité, un livre s'imposait donc pour narrer la vie et le parcours artistique de l'enfant de Tizi Ouzou. Qui d'autre mieux que l'écrivain, romancier et poète Mohamed Attaf, lui-même enfant de Tizi Ouzou ayant fréquenté les mêmes ruelles et les mêmes quartiers de la haute ville de Tizi Ouzou, aurait pu mieux raconter l'auteur de la célèbre «Ya bnat El Djazair». Il vient de le faire dans un livre très fourni en informations et en détails croustillants, intitulé «La voix des astres: Samy El Djazaïri». Le livre a été publié aux éditions Dar El Houda. En dépit de sa grande qualité technique et du fait qu'il soit un beau livre jusqu'à une certaine mesure, l'ouvrage en question est vendu à un prix très accessible et raisonnable de seulement 500 DA. Il n'y a donc aucune raison qui expliquerait de ne pas l'acheter et de plonger dans l'univers de l'un de nos meilleurs artistes. Un artiste qui a vu sa carrière interrompue prématurément à cause d'un stupide accident de la circulation. Mais en dépit de cette fugacité, Samy El Djazaïri fait partie des meilleurs astres qui continuent de scintiller dans le ciel de la chanson algérienne. Et qui pourrait dire le contraire quand on voit que ses chansons sont toujours écoutées avec la même émotion et la même verve des décennies après sa disparition prématurée? L'absence du père De son vrai nom Ali Kanouni, à l'instar de quelques chanteurs de l'époque, il a opté très vite pour le nom d'artiste à la charge symbolique évidente de Samy El Djazaïri. On découvre, en lisant le livre de Mohamed Attaf, que ce sont les souffrances, et surtout celles de l'enfance ainsi que la privation, notamment celle d'ordre affectif, qui forgent l'âme d'un artiste et font aiguiser, en lui, le talent. La mort du père dans le cas de l'enfant Samy El Djazaïri a été décisive dans l'éveil de sa sensibilité. Mohamed Attaf raconte tous les détails de l'enfance et de l'adolescence de Samy El Djazaïri dont la famille est originaire de la région d'Ath Douala qui a enfanté une infinité de chanteurs-poètes et écrivains comme Matoub Lounès, Chérif Hamani, Zedek Mouloud, Malika Domrane, Tilwa, Mouloud Feraoun, Fadhma Ath Mansour, etc. Mais la vie difficile dans les montagnes kabyles a poussé les parents de Samy El Djazaïri à «descendre» vers la ville de Tizi Ouzou où le père trouva un travail pouvant faire nourrir ses enfants. Il s'installa au quartier la Haute Ville, un autre berceau pour des artistes et des écrivains dont on peut citer Rachid Mesbahi, Youcef Dris, Mohand Seghir Fredj, Mohamed Attaf lui-même... Mohamed Attaf est non seulement un enfant du même patelin que Samy El Djazaïri, mais il était son ami. Il connaît aussi pas mal de personnes ayant côtoyé de près l'artiste ainsi que des membres de sa famille. Ce qui lui a facilité la tâche de glaner le maximum d'éléments biographiques, parfois difficiles à dénicher car relevant de la vie privée, voire intime, pour construire ce livre fourmillant également d'anecdotes. Mohamed Attaf raconte donc les différentes étapes de la vie de Samy El Djazaïri, de sa naissance le 6 septembre 1945 dans la ville de Tizi Ouzou, jusqu'à son décès dans un accident tragique survenu le 3 avril 1987 à Boufarik. Comme la majorité des artistes algériens, Samy El Djazaïri est parti en France pour tenter de fuir la misère, mais aussi pour se frayer un chemin dans le monde de l'art et de la chanson, raconte en outre Mohamed Attaf. C'est en 1970, rappelle l'écrivain Mohamed Attaf, que Samy El Djazaïri produit son premier disque dont le titre est «Tsghennigh Si Mohand Ou Mhand», chanté également pas Salah Sadaoui. Mohamed Attaf nous apprend d'ailleurs que cette célèbre chanson où il est question d'hommage au grand poète errant Si Mohand Ou Mhand a été composée par Mohamed Ouzzegane. Un détail important ignoré jusque-là même par les mélomanes les plus férus. immortel 30 ans après La suite du parcours de Samy El Djzairi est connue de tous. Mais les détails que livre Mohamed Attaf sont des éléments qui font que ce livre est d'un apport incontestable. Des chansons envoûtantes ont été interprétées par Samy El Djazaïri qui a marqué son temps de fort belle manière. Il reste immortel trente et un ans après son décès. La deuxième partie du livre de Mohamed Attaf est consacrée entièrement à la transcription de toutes les chansons, en kabyle et en arabe, interprétées par Samy El Djazaïri, accompagnées de traductions en langue française, réalisées par l'auteur. Des photos agrémentent ce livre qui rend hommage et immortalise, d'une autre manière, celle de l'écrit, à l'un de nos artistes les plus marquants et à l'une des voix les plus exceptionnelles de la chanson algérienne.