Figure emblématique et charismatique, Houari Boumediene a marqué son époque Le défunt disait toujours que l'état est éternel, tandis que le pouvoir a une durée de vie. La révolution pour Boumediene ne devait pas prendre fin avec l'indépendance. La commémoration du 40 eme anniversaire de la disparition du président Houari Boumediene un certain 27 décembre 1978 a fait régner hier une ambiance particulière au Forum de la mémoire du journal El Moudjahid. Les témoignages des invités ont plongé l'assistance dans les premières années de l'édification de l'Etat algérien et l'ère des grandes décisions. Selon Salah Goudjil, moudjahid et sénateur actuellement, ayant pris la parole en premier, c'est le président Houari Boumediene qui a jeté les véritables fondements de l'Etat algérien. «Les décisions de la nationalisation des hydrocarbures, de la libération de l'économie, de la révolution agraire, de la restructuration administrative, le Code de la wilaya et de l'APC sont toutes l'oeuvre de Houari Boumediene», dira Goudjil. «Le défunt n'était pas autoritaire dans la prise de décisions, comme il plaît à certains de le chanter.» Houari Boumediene aimait toujours se concerter et revenir à la base. Le principe de la concertation chez le défunt découle de son parcours de moudjdhid et de révolutionnaire», expliquera le sénateur. Le président Boumediene était aussi un farouche partisan de l'idée consacrant la séparation entre l'Etat et le pouvoir. «Le défunt disait toujours que l'Etat est éternel et il ne doit pas disparaître avec la disparition des hommes, tandis que le pouvoir a une durée de vie», a-t-il témoigné. Salah Goudjil s'est étalé aussi dans son intervention sur l'attachement qu'accordait Boumediene à la libération des peuples colonisés. «Il était le grand défenseur du peuple palestinien et du peuple sahraoui et de toutes les causes justes dans le monde», a-t-il signifié, notant que cela lui a valu une grande notoriété à l'échelle mondiale. Prenant la parole ensuite, Nourredine Yazid Zerhouni, ex-ministre de l'Intérieur, a préféré parler de Boumediene qu'il a côtoyé et connu durant la révolution dans la Wilaya 5 historique. «En dépit du fait qu'il était le chef adjoint de la 5ème Région après Boussouf, Houari Boumediene était toujours proche de simples moudjahidiine et des jeunes étudiants qui venaient juste de rejoindre les rangs du front de la lutte après la grève des étudiants en mai 1956. «Houari Boumediene tenait même à assister à certains cours dans l'école créée par Abdelhafid Boussouf pour la formation des jeunes étudiants dans les services des renseignements», s'est rappelé Zerhouni, précisant que Boumediene était parmi les plus instruits des moudjahidine. «Boumediene était profondément convaincu que l'Algérie arracherait un jour son indépendance. Cette conviction lui donnait de la force et de l'espoir», témoigne l'ex-ministre de l'Intérieur. «Les convictions de Houari Boumediene n'ont jamais changé après l'indépendance de l'Algérie. La révolution pour Boumediene ne devait pas prendre fin avec l'indépendance. La révolution doit être dans tous les domaines», dira Zerhouni. Pour leurs parts, l'ambassadeur de la Palestine en Algérie et le représentant du Front Polisario, ont tenu à souligner dans leurs interventions que le nom du président Houari Boumediene reste gravé dans les mémoires de leurs peuples. «Les Palestiniens voyaient toujours en Houari Boumediene le protecteur et le confident», mentionne l'ambassadeur.