Tamanrasset, Timimoun, la Tunisie et l'Egypte sont incontestablement les destinations les plus prisées par les Algériens en cette fin d'année. Il aura fallu un passage du côté des agences de voyages et autres compagnies aériennes pour s'en rendre compte. Les vols affichent complet depuis au moins trois jours et une liste d'attente, des plus longues, témoigne du nombre effarent de personnes qui n'ont pas trouvé de places libres et qui risquent de passer les fêtes chez elles. Aussi, nous semble-t-il, nos compatriotes, aujourd'hui, ne se soucient plus du combien ça coûte? Du moins pour cette tranche-là de la société qui n'hésite plus à débourser des sommes allant de 30.000 à 80.000 dinars pour aller déboucher le champagne sous d'autres cieux. Dans cet exercice, les Algériens s'y sont pris très tôt. Hormis quelques retardataires, les gérants d'agences rencontrés nous ont affirmé que leurs clients ont fait leurs réservations «deux à trois semaines à l'avance». Le fait significatif, ajoutent-ils, dans cette nouvelle tendance à la fête, n'est autre que cet engouement inouï des Algériens pour le Grand-Sud. Ce sera, assurément, Tamanrasset qui remportera tous les suffrages. La région demeure la destination la plus prisée par les amoureux du désert et n'en finit pas, d'ailleurs, de séduire les novices des voyages touristiques si bien que les deux compagnies algériennes, sur leurs vols réguliers, affichent «full», pour reprendre les termes consacrés des bureaux de billetterie. Les agences de voyages ont profité de cette occasion pour proposer leurs services et bénéficier, bien entendu, de l'humeur fêtarde des Algériens en ces jours de réjouissance. Les prix tournent autour des 27.000 dinars pour un séjour de quatre jours à Tamanrasset. Timimoun vient en seconde position. Sur cette destination également, les vols affichent complet. Concernant les voyages à l'étranger, ce sont les vols réguliers reliant Alger à Marseille, Lyon et Paris qui affichent, sans grande surprise, «complet». Aussi, outre cette tranche de la société qui peut se permettre une «veillée» à Paris, il y a bien évidemment toutes les autres qui, n'ayant pas obtenu leur visa ou encore faute de liquidités, se sont tournées vers la Tunisie. Là encore, plus aucune réservation n'est possible. Pour satisfaire sa clientèle, une agence à Staouéli est allée jusqu'à réquisitionner un vol spécial vers la Tunisie. 24.000 dinars est le prix moyen d'un réveillon à Hammamet. L'Egypte, pour finir, est vraisemblablement une destination appréciée. Pour ce pays, les agences ont proposé des séjours plus longs et des tarifs «étudiés», assurent-ils. 73.000 dinars est le minimum qu'un bon nombre d'Algériens ont déboursé pour aller réveillonner au pays des Pharaons. Il faut croire qu'outre le pouvoir d'achat qui permet à une certaine tranche de la société de se payer des voyages coûteux juste pour marquer le coup du réveillon, il y a manifestement ce changement caractéristique du comportement de l'Algérien, notamment moyen, qui essaie d'en finir avec une atmosphère de mort et de deuil. Ces derniers veulent s'ouvrir davantage sur des modes de consommation qui, jusque-là, ne pouvaient faire partie de leur quotidien. Plus qu'une question d'argent, c'est bien plus ce besoin avéré d'évasion qui retient l'attention.