Désormais, la pratique religieuse autre que l'islam ne pourra s'effectuer que dans un cadre associatif. Devant l'ampleur de la campagne d'évangélisation qui secoue certaines villes du pays, le centre notamment, et que les instances religieuses ont fermement dénoncé, les autorités algériennes veulent mettre un frein aux efforts d'évangélisation des mouvements chrétiens en général, et évangéliques en particulier. Désormais, la pratique religieuse autre que l'islam ne pourra s'effectuer que dans un cadre associatif, et par des organisations qui auront préalablement été autorisées par le ministère de l'Intérieur. Selon une source autorisée du ministère des Affaires religieuses «cela n'affectera en aucun cas le principe de la liberté du culte, considérant que la Constitution algérienne garantit la liberté religieuse» tout en précisant que l'islam est la religion d'Etat, mais ajoute que désormais des garde-fous seront érigés afin que «la misère des gens ne soit pas exploitée pour faire abandonner aux gens leur religion première». Dans un communiqué du 10 novembre dernier, le gouvernement a indiqué qu'une loi était en préparation dans ce sens. Les autorités ont indiqué qu'elles entendaient ainsi «mettre un terme aux activités anarchiques d'associations étrangères et à contenir par la loi les entreprises de prosélytisme ciblant les musulmans de notre pays». La presse algérienne a fait état de graves dépassements dans le prosélytisme chrétien, qui met à contribution le ras-le-bol des jeunes et des moins jeunes pour les récupérer, alors que les instances religieuses ont préféré d'abord parler de «cas isolés», de «phénomène marginal», avant que le ministre du Culte lui-même ne se mette à dénoncer «la poussée christianisante». La réalité est que, officielles ou pas, visibles ou pas, les églises en Kabylie sont nombreuses. Il s'en crée à une vitesse fulgurante aux quatre coins de la région. On en dénombre, selon les informations qui circulent sur Internet, à Tizi Ouzou, Akbou, Ighzer Amokrane, Ouadhias, Michelet, Ugsyeth, Larbaâ Nath Irathen, Makouda, Ath Ouaguenoun, Boudjima, Tizi Rached, Draâ Ben Khedda, Tazmalt, Akhenaq, Aokas, Bouzguène, Aït Zikki, Tadmaït, Taourirt Mokrane, Betrouna, Mekla, Boghni, Ath Ouassif, Aït Bouadou, Ath Boughardan, Ath Abdelmoumène, Ath Waâbane, Amekras... Si le phénomène de l'évangélisation en Kabylie n'est pas nouveau, son ampleur grandissante, son idéologie évidente, ses objectifs inavoués et son instrumentalisation par des forces nationales et internationales vont engendrer des crises supplémentaires dans une Kabylie et une Algérie déjà saturées de crises en tout genre. Lors d'un colloque organisé à l'université des sciences islamiques Emir-Abdelkader de Constantine, en juillet 2004, Amar Haouli a révélé «l'existence de 15 églises à Tizi Ouzou, fréquentées par 30% des habitants de cette région». Un autre universitaire a affirmé que ce qui «se passe en Kabylie n'est qu'un point de départ d'une campagne qui vise tout le pays». Une autre conférence évoquera «la mondialisation religieuse» à travers «les mass médias, glaive de la chrétienté moderne», affirmant que «les médias couvrent de leur notoriété l'évangélisation forcée du monde» et «contribuent à faire passer le passage messianique dans notre pays». Le début de médiatisation avortée de ces révélations rappelle, en fait, que le regain du christianisme en Afrique du Nord, notamment en Kabylie et au Maroc, date du début des années 1980 et reste en grande partie clandestin et prêché dans des églises de fortune...