A lors que les pratiques de prosélytisme envers les musulmans sont criminalisées depuis mercredi dernier, en faveur de l'adoption par l'APN d'une nouvelle loi sur le culte, les représentants de la principale minorité religieuse du pays, chrétiens catholiques ou protestants, se défendent fermement que l'Eglise fasse une quelconque campagne d'évangélisation en Algérie. Ainsi, pour la première fois, peut-être, l'Etat algérien reconnaît le fait que l'Algérie faisait objet de campagnes de christianisation visant, notamment, les jeunes. La nouvelle loi prévoit des peines de 1 à 10 ans de prison contre « toute personne qui détournerait les lieux de culte de leurs missions premières ou inciterait des musulmans à changer de religion en contrepartie de moyens financiers ou autres », a précisé, le responsable de la cellule de communication au ministère, Abdellah Temine, repris par l'APS. L'Etat « sévira, sans discrimination, contre tous ceux qui pratiquent un culte musulman ou autre dans l'anarchie », a-t-il ajouté. Dans les années 1990, rappelle M. Temine, « il y a eu des gens qui ont semé le désordre par des pratiques anarchiques de ce qu'ils pensaient être l'islam, lançant de fausses fetwa » et l'Etat « avait mis fin à cette situation en comblant le vide juridique » existant alors. « Nous ne voulons pas que cela se reproduise sous le couvert d'autres religions, au nom de la liberté de culte. Tous ceux qui veulent pratiquer leur religion en Algérie, quelle qu'elle soit, sont les bienvenus, du moment que ça se passe dans un cadre légal et organisé », a-t-il, encore, souligné . De son côté, le représentant en Algérie de l'Eglise catholique, l'archevêque d'Alger, monseigneur Henri Teissier, s'est défendu, que l'Eglise catholique fasse du prosélytisme. « Une certaine presse, en associant des articles sur l'évangélisation avec des photos de Notre-Dame d'Afrique, laisse penser que nous faisons du prosélytisme du haut du clocher de cette église » perchée sur la montagne de Bab El Oued, a-t-il déploré. « Il faut essayer de voir qui est à l'origine de ce ‘‘tabchir'', en tout cas ce n'est pas nous », a-t-il insisté. « Les actions humanitaires que nous menons ne sont pas du prosélytisme (...) car on ne demande rien en contrepartie », se défend Mgr Teissier, qui a affirmé que les « chrétiens étrangers n'ont pas de difficultés dans leurs pratiques religieuses, dans les grandes villes notamment ». En Algérie, « il y a des églises qui sont tout à fait visibles, comme la basilique Notre-Dame d'Afrique et celle du Sacré-Cœur, à Alger, la basilique Saint-Augustin à Annaba, le centre Saint-Eugène et l'église Santa-Cruz à Oran. Ceux qui veulent rejoindre un lieu de culte peuvent donc le faire facilement », a noté Mgr Teissier. Ceux parmi les chrétiens étrangers qui « ont le désir d'avoir une vie de prière savent où sont les églises et y viennent. Il n'y a pas de différence entre leur pays d'origine et l'Algérie », s'est-il félicité. La présence de tous ces lieux de culte, a-t-il souligné, « est la preuve du respect de notre présence » en Algérie. La communauté catholique est la principale minorité religieuse en Algérie, estimée « entre 10 000 et 11 000 personnes », selon M. Temine. Pour sa part, Abderrahmane Chibane, président de l'Association des oulémas musulmans, a affirmé : « De nouveaux croisés essaient de christianiser les Algériens. La mosquée, l'école, les médias et les institutions de l'Etat doivent s'y opposer. »