Le premier sommet fut historique. Mais les attentes sont plus fortes encore pour le deuxième rendez-vous entre Donald Trump et Kim Jong Un, condamnés à faire de vrais progrès pour ne pas raviver la crise nucléaire nord-coréenne. Depuis la rencontre inédite du 12 juin à Singapour entre le président des Etats-Unis et le dirigeant de la Corée du Nord, les négociations sur la dénucléarisation du pays reclus ont patiné. Washington est donc conscient qu'il faut des avancées solides lors du prochain sommet, qui pourrait avoir lieu vers la fin février, probablement au Vietnam. Les dernières déclarations de Pyongyang ont confirmé les craintes: les deux pays ne partagent pas la même définition de la «dénucléarisation». L'objectif affiché des Etats-Unis reste la «dénucléarisation définitive et entièrement vérifiée de la Corée du Nord». Mais le régime nord-coréen estime que la «dénucléarisation complète de la péninsule coréenne» promise par Kim Jong Un doit comprendre «le retrait de toutes les menaces nucléaires» américaines, ce qui impliquerait une remise en cause des accords de défense avec la Corée du Sud. A Séoul, on s'inquiète de voir Donald Trump, qui juge les déploiements de soldats américains à l'étranger souvent coûteux et inutiles, accepter de réduire leur présence dans la région en échange de concessions minimes. Surtout, Pyongyang n'entend pas bouger sans obtenir au préalable l'allègement des sanctions internationales qui étranglent son économie. Son négociateur Kim Yong Chol l'a redit mi-janvier au secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo lors d'une visite à Washington qui, selon une source diplomatique, n'a pas débloqué les tractations. Côté américain, on s'efforce donc de concilier la fermeté officielle - maintien des sanctions jusqu'à l'abandon des bombes atomiques - avec un message d'ouverture. Cela peut prendre la forme d'un accord intérimaire, sachant qu'il est peu probable que le Nord renonce d d'un coup à toutes ses armes nucléaires: certaines mesures punitives pourraient être suspendues, mais immédiatement rétablies si, par exemple, les Nord-Coréens tardent à accueillir des inspecteurs internationaux. La levée totale n'intervenant qu'en bout de processus. Les Etats-Unis sont aussi prêts à faire des gestes pour bâtir la confiance avec ce pays avec lequel ils semblaient être en 2017 au bord d'un conflit atomique: une déclaration mettant formellement fin à la guerre de Corée, qui ne s'est achevée en 1953 que par un armistice, et l'ouverture d'un bureau de liaison à Pyongyang. Reste à savoir en échange de quelles concessions nord-coréennes. Difficile à accepter par les Etats-Unis, entrés dans ce processus en promettant de démanteler jusqu'à la dernière bombe atomique nord-coréenne, et qui ont déjà renoncé à réclamer un inventaire des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang. Une source diplomatique américaine assure qu'il faudra plus qu'un simple démantèlement du complexe nucléaire de Yongbyon ou d'autres bâtiments. Mais des déclarations récentes de Mike Pompeo ont fait naître la crainte, surtout à Séoul et Tokyo, que Donald Trump puisse accepter un accord portant uniquement sur la destruction des missiles intercontinentaux. A plusieurs reprises, le chef de la diplomatie américaine a en effet martelé que la priorité était «la protection des citoyens américains», qui sont à portée de tir nord-coréen tant que le régime de Kim dispose de tels missiles.