Ce chiffre n'est pas exhaustif. Les autres institutions n'ont pas transmis leurs statistiques. Plus innocent que moi tu sera agressé ou pire, violé. De l'agression morale à l'agression physique, les enfants en souffrent terriblement dans notre pays. Le phénomène est là, mais on a souvent honte d'en parler. Le temps passe et les choses ne cessent de s'aggraver. De l'agression sexuelle exercée par des étrangers sur des enfants mineurs à l'inceste, la transition s'est vite opérée. Que l'on en juge : entre 1998 à 2004, le taux a avoisiné les 10.000 cas d'enfants ayant subi des violences sexuelles. Ce sont les estimations émanant des services de la Dgsn (Direction générale de la sûreté nationale). Les enfants ne sont plus en sécurité. Les spécialistes ont tiré hier la sonnette d'alarme, à l'occasion de la Journée mondiale des droits de l'enfant. Une journée d'étude a été organisée par la Forem (Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la Recherche) au Cerist (Centre d'études et de recherche informatique, des sciences et de la technologie), à Ben Aknoun, Alger. «Il est temps de se pencher sérieusement sur le phénomène qui tend à devenir de plus en plus sérieux», a indiqué le professeur Mostéfa Khiati, président de la Forem. Lors de son intervention au cours de la journée d'étude, il a mis l'accent sur la nécessité d'associer tous les secteurs concernés afin de lutter efficacement contre ce fléau qui étend ses tentacules pour toucher des pans entiers de la société. Il a insisté que les chiffres avancés par la Dgsn ne sont pas exhaustifs, d'autant plus que les autres institutions, à l'instar de la Gendarmerie, n'ont pas transmis les statistiques relatives à ce phénomène. Cependant, même si certains auront à penser que le bilan est gonflé, il n'en demeure pas moins que le phénomène est grave. Il est d'autant plus grave que, dans certains cas, le danger provient du foyer familial même. Justement, au sujet des relations sexuelles incestueuses, le professeur Khiati a indiqué que les causes de ce fléau sont multiples. Il cite à cet effet, la promiscuité, l'absence et la disparition de l'élément religieux ainsi que les multiples pressions d'ordre social. Il faut souligner, dans cette optique, que la détérioration des conditions de vie des Algériens y est pour beaucoup dans l'apparition et pour ainsi dire de l'aggravation de ce phénomène. Selon les statistiques établies en 1998, il en est ressorti une moyenne de 7 membres par ménage. La crise du logement aidant, les choses ont pris des proportions vertigineuses. «Dans certains foyers, les membres de la famille se relayent sur le même lit, tellement l'espace est d'une exiguïté insupportable», a affirmé le Pr Khiati. Ce constat a été d'ailleurs fait observer par les habitants de Diar El Kaf, à Bab El Oued, lors des émeutes éclatées au printemps 2004. D'autre part, la commissaire de police et responsable de la brigade des mineurs, Messaoudène Khira, lors d'une journée d'étude organisée au ministère de la Justice au mois d'avril dernier, avance le chiffre de 1386 affaires de pédophilie traitées par la Dgsn, dont 53 cas d'inceste. Par ailleurs, ce qui fait mal dans cette histoire, c'est que les autorités ne donnent pas assez d'intérêt à ce fléau, et encore moins aux droits de l'enfant. C'est là en fait que le bât blesse. Et en l'absence de textes de lois, nul n'est en mesure de parler de la protection et de la promotion des droits de l'enfant dans notre pays. Pis encore, un grand problème persiste encore. «Lorsque le ministère du Travail fixe l'âge légal de travailler à 16 ans, celui de la solidarité nationale le fixe à 18 ans. Idem pour le Service national, le mariage. Cette absence de textes de lois régissant ces volets est d'une aberration innommable.» Pourtant...