Ce chiffre renseigne sur l'ampleur qu'ont pris les différents fléaux et dont nos enfants souffrent terriblement. Pas moins de 805 enfants victimes de violences sexuelles ont été recensés au niveau national durant les seuls cinq premiers mois de l'année 2009. C'est le chiffre révélé, hier, par la commissaire Kheïra Messaoudène, responsable des brigades de mineurs au sein de la Dgsn. En 2008, 1637 agressions sexuelles sur mineurs ont été enregistrées. La situation est aujourd'hui alarmante, estime Mme Messaoudène qui intervenait lors d'une rencontre organisée au forum d'El Moudjahid sur la situation de l'enfance en Algérie. Selon les statistiques fournies par la conférencière sur la délinquance juvénile, 4828 cas ont été signalés depuis le début de l'année à fin mai dernier. Les vols se placent en première position avec 2105 cas suivis des coups et blessures volontaires avec 1 068 mineurs impliqués, violence sur ascendants avec 26 cas. S'agissant des enfants en danger moral, les services de la police ont interpellé 1677 enfants à l'échelle nationale dont 1285 ont été remis à leurs familles par les brigades de protection de l'enfant alors que 311 mineurs ont été placés dans des centres spécialisés. C'est chiffres renseignent bien sur l'ampleur qu'ont pris les différents fléaux dans notre société et dont nos enfants souffrent terriblement. Ces données ne sont pas exhaustives puisque n'émanant que de la Dgsn, les autres institutions n'ont pas encore livré leurs statistiques. «Le nombre des cas est plus important lorsqu'on sait que les agressions ne sont pas souvent signalées», a soutenu la commissaire. Pour l'intervenante, un travail de sensibilisation doit se faire en direction des enfants mais surtout de la famille. Elle considère à ce propos que l'on assiste aujourd'hui à une délinquance galopante à cause de «l'irresponsabilité» des parents. Chiffres à l'appui, Mme Messaoudène avance que 90% des affaires d'agressions sexuelles traités par les services de la Dgsn sont liés à la responsabilité des parents. Aussi, la passivité des citoyens, la tolérance sociale et la dégradation des moeurs ont encouragé la criminalité en général et les atteintes à l'enfant en particulier. De plus, l'agresseur n'a pas de profil puisqu'il peut être un enseignant, un chômeur, un professeur d'université, célibataire ou marié. M.Mekki de la Forem se joint à la commissaire et relève que la situation de l'enfance en Algérie n'est pas reluisante. Il aborde le thème à travers le contexte socio-économique du pays. Il souligne que dans le programme 2005-2009, la part du budget de l'Etat consacré à l'éducation, à la santé et à la jeunesse ne dépasse pas 14%. «C'est très infime. Les secteurs auxquels est lié l'enfant, ne bénéficient pas de plus de financement», commente-t-il. Même si M.Mekki reconnaît les efforts consentis jusque-là en matière de droit à l'éducation de l'enfant puisque 95% sont scolarisés, il relève parallèlement le phénomène de la déperdition scolaire rappelant le chiffre de 500.000 enfants de moins de 18 ans concernés. Il ajoute que l'environnement de l'école n'est pas protégé citant les fléaux de la toxicomanie et de la violence scolaire. Concernant le travail des enfants, l'invité du forum d'El Moudjahid indique que selon une enquête réalisée par la Forem dans 10 wilayas du pays, 300.000 enfants travaillent dans les secteurs du bâtiment, du commerce et dans les exploitations agricoles. «Ce chiffre pourrait se multiplier facilement par trois si on fait une enquête-ménage pour inclure les vendeurs à la sauvette et les enfants qui vendent sur la route», lance-t-il et de conclure: «Aujourd'hui, la situation des enfants n'est pas très reluisante. Elle demande quelques mesures simples pour épargner cette souffrance à l'enfant.» Côté juridique, Me Merrouane Azzi rappelle les articles 269, 270, 171 et 314 du Code pénal qui prévoient des peines variant entre 3 et 20 ans d'emprisonnement pour le cas de kidnapping suivi d'abus sexuels et la perpétuité pour le kidnapping suivi d'assassinat.