Plusieurs assemblées élues de Kabylie s'acheminent doucement mais sûrement vers une autre sorte de défi. En effet, pour pouvoir fonctionner, les majorités relatives issues du scrutin de ce jeudi, sont appelées à faire alliance avec d'autres forces pour pouvoir enfin siéger. La décision ne sera prise qu'après les réunions des directions des partis qui auront ainsi à juger des partis avec lesquels une alliance est possible. Le FLN, ce parti donné par beaucoup comme une formation digne du musée, a surpris plus d'un en grappillant des sièges ici et là, sans compter les neuf APC où il est sorti la tête haute et l'APW, où il compte 11 sièges. Le FLN, qui a entrepris doucement mais sûrement la conquête ou la reconquête de l'électorat kabyle, a réussi ce tour de force unique d'accaparer, non seulement plusieurs sièges, mais aussi à intéresser plusieurs électeurs de la région qui ont fait confiance au vieux parti. Ce dernier, par la voix de M.Saïd Lakhdari, en charge de la communication au sein de la commission transitoire de la mouhafadha de Tizi Ouzou, affirme que «pour l'instant, aucune décision n'est prise et que l'on attend les instances nationales qui ne manqueront pas de décider à ce sujet. Cependant, une alliance est possible avec des partis présentant des garanties pouvant travailler pour l'intérêt des citoyens de la région. Pour le moment, rien n'est fait, on a juste demandé aux élus de voir sur le terrain les éventuelles possibilités». En ce qui concerne l'APW, M.Lakhdari n'exclut pas une alliance avec le PT et le RND et éventuellement avec le FFS. Revenant sur le vote en lui-même, M.Lakhdari dira que son parti «est très content des résultats et surtout du climat serein dans lequel ont baigné ces élections. Nous lançons un appel fraternel à tous les partis représentés dans les assemblées élues afin de mettre toute querelle stérile de côté et de travailler la main dans la main pour l'intérêt de la région qui a besoin des efforts de tous». Le FLN, qui a fait un bond en avant de 103 élus en 2002 à 129 élus en 2005, voit en cela une importante progression qui veut dire que le parti est de retour «doucement mais sûrement». On a constaté que l'électorat de la Kabylie vote désormais non pas parti, mais plutôt programme, et le FLN présente un solide programme d'où ce score que l'on juge honorable. Maintenant que le FLN a réussi à démontrer qu'il existe réellement sur le terrain, selon M.Lakhdari, «il ne lui reste qu'à poursuivre son travail organique qui a débuté en juin dernier et ainsi vers décembre élire ses instances régionales». Selon le fédéral du FFS, M.Rabah Brahimi «des alliances ne manqueront pas de se faire si on veut que les assemblées ne soient pas bloquées». Interrogé sur les partis avec lesquels ces alliances sont possibles, M.Rabah Brahimi dira: «Ce sera à la direction de décider car cela est une décision politique importante. Cependant, d'ores et déjà, on peut dire que cela se fera au cas par cas. Les responsables étudieront tous les cas de figure et ce ne sera qu'à la lumière de tous ces examens que la décision sera prise.» En attendant que les alliances se fassent afin qu'enfin, la région voie ses assemblées opérationnelles, les citoyens croisent les doigts et disent que «le développement de la région vaut bien une messe».