Entre les revenants et ceux qui ont connu un recul en matière d'influence dans la région, les tractations ont débuté très rapidement. Les partielles de novembre dernier en Kabylie annonçaient déjà un début de reconfiguration de la scène politique dans la région qui se confirmera, d'ailleurs, à travers cette volonté d'alliance affichée aussi bien chez le FFS que chez le FLN. Le verdict des urnes était tel, au lendemain du scrutin de proximité, que les tractations et négociations autour de la gouvernance devenaient un passage obligé dans la grande majorité des municipalités de Kabylie. Entre les revenants, à l'image du FLN et du RND, et ceux qui ont connu un recul en matière d'influence dans la région, les tractations ont débuté très rapidement. Alors que l'opinion locale s'attendait à des alliances allant dans le sens du fonctionnement des collectivités au plus vite et permettre par là même le redémarrage de la vie économique, ce qui est au demeurant légitime, force est de constater que c'est le jeu inverse qui commençait à se traduire sur le terrain. L'exemple de Chemini est, à ce titre, édifiant. Une tendance aux blocages a pris forme avec ce risque de faire boule de neige. Les alliances contre nature s'annonçaient par-ci et par-là et le risque d'un blocage dommageable prenait forme au détriment des intérêts des citoyens. La réaction au sommet n'allait pas tarder à renverser la vapeur au profit d'alliances positives. Les négociations au sommet des formations politiques ont donné, à la lumière des informations rapportées, une tendance vers une coalition FFS-FLN que certains considèrent comme contre nature et que d'autres trouvent politiquement logique. L'alliance FFS-FLN, même si elle n'est pas tout à fait dénuée d'arrière-pensées, reste tout de même salutaire en ce sens qu'elle évitera des situations de blocage fatales, qui induiraient un vote de sanction dans 18 mois, à l'issue de ce court mandat électoral. Le FFS et le FLN, qui sont présents dans 49 communes sur les 52 possibles à Béjaïa par exemple, peuvent s'entraider sur fond de discussions qui porteraient aussi, à en croire certaines sources, sur les huit sièges dont jouit la Kabylie au sein de l'assemblée sénatoriale. Le rapprochement entre le FLN et le FFS s'est déjà concrétisé dans certaines municipalités en Kabylie. Si le FFS a jugé utile d'apporter des clarifications en parlant d'«arrangement arithmétique» cela n'enlève rien au caractère politique de cette association. Le regroupement des voix assure certes pour l'un et l'autre la majorité confortable manquante à la tête des Assemblées élues, mais le fait que le FLN retire ses candidatures à la présidence de l'APW de Tizi Ouzou et de Béjaïa est un signes que les choses se sont faite sur fond de négociations, dont la teneur ne manquera pas de dévoiler d'autres éléments dans les prochains jours. Il est clair qu'une gouvernance par alliance suppose des tractations et donc des engagements mutuels qui porteront au-delà du pouvoir local, l'autre donnée qui est celle de siéger au Sénat. Et c'est là que se situe réellement ce tissage duquel ressort également une stratégie partagée de redéploiement dans la région sur fond d'un partenariat salutaire. Avoir la mainmise sur les exécutifs, aussi bien municipaux que régionaux, suppose une avancée considérable sur les autres adversaires politiques dans la région. L'isolement du RCD est une autre donnée expliquant aussi cette alliance aux enjeux multiples. Le discours “d'union” prôné durant toute la campagne officielle par les responsables du RCD n'a pas été payant. En d'autres termes, le FFS a préféré s'allier avec le FLN, moins menaçant en termes de stratégie politique, et dont le rapprochement ne date pas d'aujourd'hui. Ce qui laisse de nombreux observateurs analyser cette “alliance” comme un prolongement du contrat de Rome. En tout état de cause, le FFS et le FLN, les prétendants aux commandes des deux assemblées, devront travailler très dur pour constituer des majorités stables et viables en surmontant d'abord dans leurs propres rangs, les prétentions individuelles pouvant court-circuiter les directives de leurs directions respectives, mais aussi rendre espoir à une population dé-sabusée par un isolement dont la persistance a été fort préjudiciable.