Le centre où se tiendra le second sommet Trump - Kim Les négociateurs américains espèrent obtenir l'accès pour des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique. En échange, Washington pourrait ouvrir un bureau de liaison, un pas vers l'établissement de relations diplomatiques, voire déclarer la fin de la guerre. Désarmement total ou dénucléarisation partielle? Paix ou rupture? Nouvelle déclaration d'intentions ou accord concret? Tous les scénarios sont possibles avant les retrouvailles entre Donald Trump et Kim Jong Un, néanmoins condamnés à faire de vrais progrès pour ne pas rallumer la crise nucléaire nord-coréenne. Au Vietnam, le président des Etats-Unis et le dirigeant de la Corée du Nord doivent boucler demain et jeudi les tractations menées par leurs équipes depuis leur premier sommet, en juin à Singapour. Mais après une longue impasse sur la dénucléarisation, les négociateurs viennent seulement de s'atteler à la future déclaration commune de Hanoï. A temps pour aboutir? Ou les dirigeants peuvent-ils claquer la porte sur un constat de désaccord? «C'est improbable car Trump et Kim tiennent beaucoup à leur rencontre, peu importe la teneur du travail préparatoire», estime Vipin Narang, du Massachusetts Institute of Technology, résumant le sentiment des experts et diplomates. Même consensus pour dire qu'à l'inverse, un accord sur la «dénucléarisation définitive et entièrement vérifiée de la Corée du Nord», objectif ultime de Washington, n'a aucune chance d'être signé à Hanoï - la formule ne devrait même pas figurer dans le texte. Les responsables américains n'espèrent plus que des «progrès concrets» vers la dénucléarisation, et ont abandonné pour l'instant toute date butoir. «Rien ne presse», répète Donald Trump. Le principal risque est, selon les observateurs américains, une répétition du sommet de Singapour, quand Kim Jong Un s'était engagé à aller vers une «dénucléarisation complète de la péninsule coréenne», sans calendrier ni modalités. «Une autre déclaration d'intentions vague, avec très peu d'engagements concrets, serait un échec», explique Jung Pak, ancienne de la CIA aujourd'hui au cercle de réflexion Brookings. Pour Vipin Narang, ce serait en revanche «le meilleur résultat pour les Nord-Coréens», qui gagneraient du temps sans rien lâcher. «Trump pourrait certes revendiquer des ententes verbales» mais les parties se perdraient dans de nouvelles négociations de suivi», redoute-t-il. Les faucons américains, à l'instar du conseiller présidentiel John Bolton, pourraient alors reprendre l'avantage au risque de replonger dans la situation explosive de 2017. Certains, dans l'administration américaine, le reconnaissent: Donald Trump peut n'en faire qu'à sa tête sans écouter ses équipes. Autre crainte des Sud-Coréens: que le locataire de la Maison-Blanche n'exige qu'un bannissement des missiles intercontinentaux nord-coréens, pour défendre le territoire américain sans tenir compte de la menace sur les voisins asiatiques. Le meilleur résultat possible est donc un accord d'étape pour progresser vers le désarmement atomique et faire durer l'embellie. Il faut absolument du concret, acquiesce-t-on côté américain, où l'on redoute que les Nord-Coréens préfèrent les promesses verbales aux engagements écrits lorsqu'il s'agit d'entrer dans le détail. Les concessions nord-coréennes pour que les Etats-Unis puissent crier victoire: la suspension de toutes les installations balistiques et nucléaires et la destruction de certaines d'entre elles, avance Abraham Denmark. Le démantèlement du réacteur de Yongbyon, principal complexe atomique nord-coréen, serait un gage important. Mais «la clé» doit être, pour Washington, «les inspections et la vérification» des engagements de Kim Jong Un, martèle Jung Pak, à l'unisson de tous les experts et diplomates. Les négociateurs américains espèrent obtenir l'accès pour des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique. En échange, Washington pourrait ouvrir un bureau de liaison, un pas vers l'établissement de relations diplomatiques, voire déclarer la fin de la guerre. Mais le régime Kim exige plus: la levée des sanctions économiques. Or jusqu'ici, l'administration Trump a dit niet: pas avant l'aboutissement de la dénucléarisation.»Nous n'avons pas dit: 'nous ne ferons rien tant que vous n'aurez pas tout fait''», a nuancé l'émissaire américain Stephen Biegun, évoquant un processus où tout avancerait «simultanément et en parallèle». Une piste envisagée reviendrait à suspendre certaines sanctions à condition que Pyongyang tienne ses engagements. Une autre serait d'autoriser des projets économiques entre les deux Corées.