La rencontre avait failli être annulée. Elle aura bien lieu : Donald Trump et Kim Jong-un sont arrivés à Singapour. Quand Donald Trump et Kim Jong-un se rencontrent aujourd' hui pour un sommet sans précédent à Singapour, ils auront, selon le président américain, une «occasion unique» de résoudre la crise de la péninsule coréenne. Washington exige tout d'abord une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord. Selon les mots de Donald Trump, déjà présent à Singapour comme son homologue nord-coréen : ils doivent dénucléariser. S'ils ne dénucléarisent pas, cela ne sera pas acceptable, dit-il, cité par Russia Today. Pyongyang n'a de cesse de parler de son engagement derrière l'objectif de «dénucléarisation de la péninsule coréenne». La formule est cependant sujette à interprétation et on ignore quelles concessions la Corée du Nord serait prête à accepter. En tout état de cause, l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a rapporté que «la question de l'établissement d'un mécanisme de maintien de la paix permanent» dans la péninsule était une des priorités de la rencontre. Il est peu probable que la Corée du Nord accepte de se débarrasser de ses armes atomiques. Pyingyong dit que Nord et Sud sont toujours techniquement en guerre, le conflit de 1950-53 s'étant achevé sur un armistice que le dirigeant sud-coréen de l'époque s'était refusé à signer. Il créait la Zone démilitarisée (DMZ) qui consacrait la division de la péninsule. Lors du sommet inter-coréen de cette année, Kim Jong-un et le président sud-coréen Moon Jae-in étaient convenus de rechercher un accord de paix. Séoul a annoncé la semaine dernière que des discussions avec Pyongyang et Washington avaient cours pour une proclamation liminaire sur le sujet. Celle-ci précéderait un accord en bonne et due forme, qui engloberait des problèmes complexes nécessitant des négociations laborieuses. Il faudrait, en outre, impliquer la Chine, signataire de l'armistice et soutien du Nord pendant la guerre. «On pourrait tout à fait signer un accord et c'est ce qu'on vise», a cependant déclaré Donald Trump. «Cela a l'air un peu étrange, mais c'est probablement le plus facile». Le président américain a agité la carotte d'une normalisation des relations diplomatiques entre anciens ennemis, voire une invitation à la Maison Blanche pour le dirigeant nord-coréen. «Peut-être qu'on pourrait commencer par la Maison Blanche, qu'est-ce que vous en pensez ?», a-t-il répondu, alors qu'on lui demandait si Kim Jong-un serait invité à Washington ou dans sa propriété de Mar-a-Lago en Floride. L'autre facteur incitatif serait la levée des sanctions de l'ONU contre Pyongyang. Mais Washington a fait valoir qu'elles ne pourraient disparaître que si la dénucléarisation était complète. Pyongyang veut un allègement par «étapes» à mesure des progrès vers cet objectif. Au vu des déclarations fracassantes voire belliqueuses de l'administration Trump ces derniers mois, Pyongyang a néanmoins des raisons d'être inquiet. D'après Moon Jae-in, le président nord-coréen «a des inquiétudes sur le fait de savoir s'il peut faire confiance aux Etats-Unis pour mettre un terme à leur politique hostile et garantir la sécurité quand le Nord se sera dénucléarisé». Le sommet avait failli dérailler quand John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, avait évoqué le «modèle libyen» de désarmement. En effet, quelques années plus tard, le dirigeant libyen Mouammar Khadafi avait été tué lors d'un soulèvement soutenu par l'Occident. «Pourquoi Kim croirait-il les promesses du président Trump quand il déchire arbitrairement des accords respectés par l'autre partie ?», demande ainsi Anthony Blinken, numéro deux de la diplomatie américaine sous Barack Obama. Le président américain est dénoncé dans le monde pour sa politique hostile prônée contre l'Iran, les palestiniens et l'Europe. Le président américain perd en crédibilité en se desengageant de nombre d'accords dont celui de Paris sur le climat. C'est un président américain qui ne reconnaît pas les accords conclus par Washington qui négocie avec le président de la Corée du Nord qui ne se débarrasse pas facilement de son arsenal militaire puisqu'il a soutenu, il y a quelque temps, qu'il n'a pas l'intention de subir le sort d'El Kadhafi. Le même sort a été réservé par Washington à l'ancien président d'Irak.