L'un des thèmes abordés par le sommet de Bamako est incontestablement celui centré sur la jeunesse africaine. Aujourd'hui et demain se tient la 23e rencontre Afrique-France qu'abrite la capitale malienne Bamako. Devenu traditionnel, ce sommet entre les pays du continent noir et l'une des grandes puissances européennes, la France, sera marqué cette année par la présence de l'ensemble des Etats africains, y compris la Somalie qui, peu à peu sort des longues années de chaos où elle était plongée. L'Algérie y sera également présente et est représentée par le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui. Lors de la réunion préparatoire à la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement africains et français, tenue jeudi à Bamako, à laquelle ont pris part les ministres africains et français des Affaires étrangères, M.Bedjaoui a indiqué, faisant référence au thème central du sommet, que les «jeunes Africains ont clairement défini», lors du forum de la jeunesse africaine tenu les 8 et 9 novembre dernier à Bamako, «leurs préoccupations, aspirations et problèmes» auxquels «nous devons apporter toute notre attention». M.Bedjaoui a par ailleurs affirmé la nécessité «d'encadrer» la jeunesse, lors de cette réunion, estimant que le «sous-développement, la pauvreté et les maladies endémiques sont un frein à la créativité et à la vitalité de la jeunesse africaine qui ne pense qu'à immigrer en Europe ou en Amérique». Le chef de la diplomatie algérienne a appelé par ailleurs les participants à la réunion ministérielle à «réfléchir ensemble aux meilleures réponses à l'attente de la jeunesse africaine», affirmant que «le partenariat euro-africain pour un développement authentique de l'Afrique est la seule solution à la problématique de l'émigration». M.Bedjaoui qui a aussi estimé que l'annulation par le G8 de la dette de certains pays africains, parmi les plus pauvres, était «un pas dans la bonne direction» a d'autre part insisté sur la promotion socio-économique de la zone africaine «à fort potentiel migratoire». En plaçant le sommet Afrique-France sous le thème «La jeunesse africaine, sa vitalité, sa créativité, ses aspirations», la 23e conférence des chefs d'Etat et de gouvernement africains et français, a voulu rompre avec la routine en abordant un sujet qui demeure en tout état de cause la pierre angulaire du développement en Afrique : la jeunesse. C'est encore cette jeunesse qui fait l'actualité dans nombre de contrées africaines livrées à la guerre, dont un nombre important de guérilleros ne sont souvent autres que des enfants. Ces enfants-soldats -faut-il encore que le sommet y fasse référence sous cet angle- sont l'un des drames des guerres civiles qui endeuillent l'Afrique. Estimée de 55% à 60% de la population du continent africain, évaluée à près de 900 millions d'habitants, la jeunesse africaine fournit aujourd'hui un nombre appréciable des «soldats» qui animent les divers conflits qui minent l'Afrique, notamment en RD du Congo et en Côte d'Ivoire, de même qu'elle prend une part prépondérante au phénomène migratoire. Toutefois, il faut bien relever que la jeunesse n'est devenue une préoccupation pour les autorités continentales (africaines et européennes) qu'après les drames, dont elle fut l'un des acteurs qui ont marqué ces derniers mois et semaines les centres de transit de Ceuta et Melilla, (enclaves espagnoles dans le nord du Maroc) envahis par des centaines d'Africains désireux de rejoindre l'Europe, que par les émeutes qui ont endeuillé les banlieues françaises. Pour la jeunesse africaine, malgré les difficultés, les brimades et les humiliations, l'Europe reste « l'Eldorado » à conquérir avant que cet Eden ne se transforme pour eux en enfer sur terre. Or, les responsables africains en sont encore au stade du questionnement à l'instar du ministre malien des Affaires étrangères, Moctar Ouane qui s'interrogeait jeudi: «Pourquoi les jeunes Africains cherchent-ils à émigrer en dehors du continent?» appelant les participants à «apporter des réponses adéquates». En fait de réponse, la France, l'un des pays de destination de l'émigration, vient de durcir davantage sa politique d'immigration suite aux récentes émeutes du mois de novembre. De fait, désormais, Paris fait sien l'appui au développement en Afrique afin que, indique-t-on dans les milieux français, «les jeunes puissent rester vivre sur le continent». Sur ce sujet, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Alpha Oumar Konaré n'a pas caché son inquiétude du fait de la pauvreté et de l'immigration, thèmes récurrents du mal de vivre africain . Selon M.Konaré, l'Afrique «va brûler» et sera anéantie «dans les 25 prochaines années» si «rien n'est fait pour y endiguer la pauvreté». L'endémie du Sida (plusieurs millions d‘Africains sub-sahariens, notamment en Afrique australe, sont porteurs du virus VIH du Sida) et les conflits qui perdurent dans le contient sont les deux autres thèmes clés qui seront au centre des travaux du sommet de Bamako.