Donald Trump a jeté un froid vendredi sur l'issue des négociations commerciales avec la Chine, brandissant la menace d'interrompre les discussions si les points les plus contestés n'étaient pas résolus. «Je suis confiant mais (...) si ce n'est pas un bon accord, je ne signerai pas d'accord», a déclaré le président américain, un changement de ton radical après avoir exprimé son optimisme ces dernières semaines sur la possibilité de parvenir à un accord. «ça ira très bien pour nous d'une manière ou d'une autre, avec ou sans un accord», a insisté Trump. Les deux premières puissances économiques du monde négocient âprement depuis janvier un accord pour en finir avec leur guerre commerciale enclenchée l'an passé, qui s'est matérialisée par des taxes douanières punitives réciproques sur des centaines de milliards de dollars de marchandises. Mais l'administration Trump a révélé cette semaine que le déficit commercial américain avec la Chine avait atteint un niveau record l'an passé, de quoi irriter l'hôte de la Maison-Blanche. Dans une fermeté similaire, Donald Trump avait régulièrement menacé le Canada et le Mexique de mettre fin au traité de libre-échange qui les lient aux Etats-Unis, avant finalement d'annoncer un accord en septembre dernier. Vendredi, le conseiller économique de la Maison-Blanche Larry Kudlow a lui aussi laissé entendre que les Etats-Unis pourraient mettre fin aux discussions avec la Chine si aucun bon accord n'était trouvé. Il a rappelé la feuille de route de l'administration Trump: obtenir de Pékin des changements structurels en mettant fin à des pratiques jugées déloyales, comme le vol de la propriété intellectuelle, le transfert de technologies ou la politique de subventions aux entreprises d'Etat. Larry Kudlow s'est refusé à avancer un calendrier sur ces discussions. Le représentant au Commerce Robert Lighthizer, qui dirige les négociations, «fait de son mieux pour qu'une rencontre entre les deux dirigeants puisse avoir lieu», évoquant Mar-a-Lago, la résidence privée de Trump, en Floride. Des sources proches de la Maison- Blanche parlent du 27 mars après un voyage du président chinois Xi Jinping en Europe. Donald Trump avait évoqué fin janvier cette réunion avec Xi Jinping, pour résoudre les derniers points d'achoppement. «Aucune date n'a été arrêtée», a reconnu Terry Branstad, l'ambassadeur des Etats-Unis à Pékin, dans un entretien vendredi au Wall Street Journal. Pour l'heure, la guerre commerciale pèse sur l'économie chinoise. Elle fait aussi redouter un net ralentissement de la croissance mondiale. Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a estimé que des progrès «substantiels» avaient été enregistrés, tout en apportant son soutien total au combat judiciaire lancé par le géant mondial des télécoms Huawei contre les Etats-Unis. Pour le moment, les deux pays assurent que cette affaire n'est pas sur la table des négociations commerciales.