L'Institut français d'Alger a abrité, samedi dernier, une cérémonie de proclamation du Prix littéraire «Le choix Goncourt de l'Algérie». Un événement de taille qualifié à maintes reprises d'«historique» par Grégor Trumel, conseiller de coopération et d'action culturelle à l'ambassade de France et directeur général de l'Institut français d'Algérie. En effet, L´Institut français d´Algérie a obtenu cette année, la création d´un prix littéraire spécifique, parrainé par l´académie Goncourt: «Le choix Goncourt de l'Algérie». Organisé seulement dans une douzaine de pays à travers le monde, le choix Goncourt a été décerné pour la première fois en Algérie. Ce prix est né suite à l'engouement au départ dans l'Europe de l'Est par la Pologne, il s'ensuivra plus tard au Moyen-Orient par Beyrouth, puis au Maghreb, par la Tunisie, et enfin l'Algérie et prochainement le Maroc, notamment. Notons aussi que cette cérémonie a eu lieu en présence de Françoise Chandernagor qui a longuement évoqué la lourde, mais néanmoins noble tâche qu'elle assume avec ses confères de lire une soixantaine de livres chaque année, et ce chaque été avant le départage final... Un moment historique Tout ceci s'est déroulé sous le regard de Xavier Driencourt, ambassadeur de France, mais aussi des représentants du jury des cinq Instituts français d'Algérie. En effet, il est bon de rappeler que dans chaque ville où l'Institut français d'Algérie est présent (Alger, Annaba, Constantine, Oran, Tlemcen), des jurys composés d'étudiants, de lycéens et d'adhérents aux médiathèques des cinq Instituts français ont eu à désigner leur lauréat. Le lauréat devait être choisi parmi les huit ouvrages francophones présélectionnés en 2018 par l'académie Goncourt, en vue de l'attribution de son célèbre prix». Pour cette première édition du «choix Goncourt de l'Algérie», un appel à candidature pour la constitution du jury a été lancé par l'IFA. «Le principe est de créer des jurys d'adhérents des médiathèques de l'Institut français d'Algérie, pour procéder à la sélection d'un ouvrage, parmi les huit titres de la présélection de l'académie Goncourt.» Ainsi donc, c'est après de longs discours sur l'importance de la francophonie- l'Algérie, deuxième pays au monde à parler la langue de Molière ne l'oublions pas- qu'a été enfin désigné le nom du fameux écrivain gagnant. Tirailleurs sénégalais Il s'agit de Frère d'âme, un roman de David Diop, paru le 16 août 2018 aux éditions du Seuil et ayant reçu le prix Goncourt des lycéens la même année, en France. Un prix qui s'ajoute à celui de la Chine. Un livre qui est aussi «en tête des prix étrangers» dira l'écrivain. Ce dernier a pour cadre un matin de la Grande Guerre, quand le capitaine Armand siffle l'attaque contre l'ennemi allemand. Les soldats s'élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d'Alfa, son ami d'enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s'enfuit. Lui, le paysan d'Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom... Né à Paris en 1966, David Diop a grandi au Sénégal. Il est actuellement maître de conférences à l'université de Pau. Il est bon de noter que cette manifestation s'est déroulée dans le cadre de la semaine culturelle (16-24 mars) placée sous le signe de la francophonie et de la gastronomie. Rencontres, ateliers, dégustations, cinéma, conférences et poésie constituent le menu organisé par les cinq antennes de l'Institut français d'Algérie, en invitant le public à assister à plusieurs évènements d'une ampleur inédite.