La peur au ventre, la justice aux trousses et la rue aux talons! La panique s'est emparée de la nomenklatura et de sa progéniture. Aux premières heures de cette journée maussade d'un printemps très capricieux, les cliquetis de messenger extraient brusquement d'un doux sommeil la nomenklatura et sa progéniture. Quoi? Ali Haddad arrêté? Mais c'est invraisemblable, c'est une fake news!Au fil des heures, l'information se confirme. Ali Haddad, ancien président du puissant FCE (Forum des chefs d'entreprise), patron du groupe Etrhb, a été intercepté, hier vers 5 h du matin, au niveau du poste frontalier d'Oum Tboul, alors qu'il se dirigeait en Tunisie. Haddad est depuis hier sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire. La nouvelle a eu l'effet d'un terrible coup de tonnerre sur la «Principauté» de Club des Pins. La peur au ventre, la justice aux trousses et la rue aux talons! La panique et l'affolement se sont emparés de la nomenklatura et de sa progéniture. La sérénité et le calme habituels ont cédé la place à un indescriptible bouillonnement au Club des Pins, la résidence d'Etat. L'atmosphère est lourde, l'angoisse gagne les anciens ministres et leurs familles. Les mauvaises nouvelles arrivent en escadrille et les événements s'accélèrent à une vitesse vertigineuse. Après l'arrestation de Ali Haddad, on en annonce encore d'autres. Mahieddine Tahkout, patron de TMC, Hamid Melzi, patron de SIH (Société d'Investissements Hôteliers), feraient eux aussi l'objet d'une interdiction de sortie du territoire national (ISTN). On annonce que plusieurs avions privés sont bloqués à l'aéroport international. Si aucune source officielle n'a jusque-là accrédité ces informations, en revanche un responsable de l'aéroport d'Alger, aurait confirmé l'existence d'une liste d'hommes d'affaires interdits de sortie du pays. C'est le temps des rumeurs les plus folles, des fake news et de l'intox aux buts inavoués. Une période de troubles qui rappelle de sinistres épisodes récents de notre histoire. C'est dans ce sillage de diversion qu'on fait croire à l'arrestation de Amara Benyounès, président du MPA, de Djamel Ould Abbès, ancien secrétaire général du FLN et de l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia. Le tsunami populaire qui a ébranlé le régime en place fait tanguer le Club des Pins A force de se bunkériser, cette résidence a fini par nourrir les spéculations les plus invraisemblables et excité l'imaginaire populaire. Pour monsieur Tout-le-Monde, cette résidence huppée représente le lieu de toutes les combines et de toutes les frasques. C'est le nid de l'intrigue. Là ou l'on conduit des Ferrari, des Lamborghini, des bolides dernier cri. Fini donc le temps des réjouissances. L'époque joyeuse où on faisait, lunettes de soleil et le torse hâlé, la java sur la plage, le temps semble figé. Ainsi donc, le paradis a-t-il une fin? Celui d'ici-bas peut-être... Mais quelle est cette autorité politique ou judiciaire qui décrète et lance ces arrestations? Les personnes arrêtées sont censées être proches du clan présidentiel. En d'autres termes, il est facile de conclure qu'elles subissent les foudres du clan proche du patron de l'armée, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah. Et nous voilà inconfortablement installés sur le registre des réglements de comptes, de la vengeance. La porte est grande ouverte aux dérives et aux dépassements qui, par le passé, ont coûté cher au pays.