Les étudiants au rendez-vous Avant la «grande messe» de vendredi prochain, les étudiants rejoints par d'autres catégories socioprofessionnelles ont donné un avant-goût avec une mobilisation toujours aussi intense. Hier, mardi, a été très «chaud» à travers les quatre coins du pays! Le beau temps était de retour tout comme la mobilisation citoyenne contre le système actuel. En effet, des milliers de citoyens sont sortis dans les quatre coins du pays pour répondre à la feuille de route proposée par les autorités avec, notamment la nomination du nouveau gouvernement et l'application de l'article 102 de la Constitution. C'est un niet catégorique de la part de ces Algériens, à leur tête les étudiants, qui, scandaient en choeur: «La Gaïd, la Saïd!». De Alger à Tamanrasset, de Tarf à Tlemcen, c'est le même cri de liberté qui sonnait. Ainsi, dans la capitale, les rues étaient noires, une foule compacte défilait avec des drapeaux hissés en l'air et réaffirmant sa détermination à prendre en main son destin. Les étudiants ont encore une fois offert une démonstration de force montrant la voie à leurs aînés pour la «grande messe» du vendredi qui s'annonce explosive. Pourtant, aux premières heures de la matinée, des signes laissaient croire à une démobilisation, avec quelques étudiants présents qui faisaient face à une centaine d'huissiers de justice et de notaires qui appelaient au départ du nouveau gouvernement en général et du ministre de la Justice en particulier. Mais la sortie surprenante du porte-parole du RND, Seddik Chihab, a mis le feu aux poudres. Le bras droit de Ahmed Ouyahia en a reçu pour son grade de la part d'étudiants qui ont envahi Alger, quelques minutes après cette nouvelle provocation «officielle». Comme chaque mardi depuis six semaines, ils ont marché à travers les ruelles de la Blanche avec toujours autant de pacifisme et de bonne humeur. Cela même s'ils ont tenu à régler leurs comptes avec Seddik Chihab, les Bouteflika et le chef d'état-major de l'ANP estimant que personne ne devait leur dicter le chemin à suivre pour aller vers une «Djazair houra dimocratia» (Algérie libre et démocratique, Ndlr). «On ne veut ni de l'intervention de l'armée ni que le pouvoir en place nous dicte sa propre transition avec la démission du chef de l'Etat ou l'application de l'article 102», ont soutenu des étudiants non sans faire part de leur rejet par rapport à ce gouvernement qu'il dise ne pas reconnaître du fait qu'il ne les représente pas. D'ailleurs, d'intenses débats sur ce sujet ont été improvisés par cette future élite du pays qui fait preuve d'une maturité intellectuelle et politique déconcertante. Après les grands débats, ils ont entonné l'hymne national suivi de «Min Adjlika ya Watani» avec une seule voix comme un seul homme. Une image qui donne des frissons tout comme celle de la marche à l'intérieur du tunnel des Facultés, rebaptisé «Ghar Hirak» depuis le 22 février, qui résonnait au bruit des «one, too, three, viva l'Algérie» ou les «El bled bladna et andirou rayna» (C'est notre pays, c'est à nous de décider, Ndlr). Les étudiants n'ont dans ce sens pas cessé de chanter qu'il n'allaient pas reprendre les cours jusqu'au départ du pouvoir en place. «Makache kraya hta trouh el Aisaba», (Pas d'études jusqu'à leur départ à tous, Ndlr), insistaient-ils. Voilà donc la première réponse de la rue à un gouvernement déjà décrié et à une feuille de route qui ne fait qu'aggraver la crise. Le rendez-vous est donc donné pour vendredi prochain afin, comme soutiennent les marcheurs d'hier, «Yatnahaw gaà»...