Le peuple dans sa totalité a rejeté ce recours à l'article 102 Pour le huitième vendredi consécutif, les habitants des différents coins de la wilaya de Béjaïa ont réinvesti la rue pour demander le départ des «3B». La mobilisation ne faiblit pas à Béjaïa. Elle était encore au rendez-vous hier, huitième vendredi de la révolte populaire contre le système exigeant son «changement radical». Le départ de tous les symboles restait encore, hier, l'impératif de l'heure. «Plus vous insistez plus nous résistons», écrivaient hier, les manifestants de Béjaïa sur une large banderole interrogeant le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah «où sont vos promesses»? Sur d'autres banderoles, l'exigence du départ des trois «B» et l'application des articles 7et 8 de la Constitution rendant le pouvoir au peuple pour décider de son avenir. La démarche annoncée depuis mardi à travers l'installation de Bensalah à l'intérim de la Présidence ainsi que l'annonce de la tenue de l'élection présidentielle pour le 4 juillet ont été désavouées par les marcheurs, qui jugent tout l'impératif de passer par une période de transition gérée par des personnes, n'ayant pas eu à exercer des responsabilités ces 20 dernières années. «Cela ne saurait être sans des assises saines et immuables pour une nouvelle République avec sa pluralité», estime Ahmed Hamri, un habitué des marches à Béjaïa. De la Maison de la culture jusqu'au siège de la wilaya puis à travers de nombreuses artères de la ville, la procession humaine faite d'hommes et de femmes et enfants est restée pacifique et joyeuse jusqu'au bout. On chante, on discute on crie, tous veulent le changement pacifique. Tous gardent l'espoir d'être entendus par le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, aujourd'hui arbitre. La rue était hier, assez déterminée pour faire aboutir ses revendications. «On ne lâchera pas jusqu'à l'avènement d'une nouvelle République et l'éradication su système qui a longtemps ruiné le pays avec ses complices des Emirats arabes unis et de l'Arabie saoudite, d'ailleurs dénoncés dans plusieurs slogans. A signaler que les artères de Béjaïa n'ont pas désempli jeudi à l'occasion de la marche initiée par l'union locale de l'Ugta. Bravant les mauvaises conditions climatiques, des milliers de travailleurs de différents secteurs ont marché à Béjaïa pour réaffirmer leur soutien à la revendication du peuple qui demande le départ du système. «Système dégage, Sidi Saïd dégage et l'Ugta au service des travailleurs» étaient essentiellement les slogans scandés par les travailleurs visiblement irrités par les décisions prises récemment par Sidi Saïd de la Centrale syndicale en suspendant le secrétaire général de l'union de wilaya et son secrétariat. La manifestation risque de prendre l'allure d'une désobéissance civile si des réponses immédiates et politiques ne sont pas apportées dans les jours à venir