La mobilisation contre le régime et pour plus de démocratie ne faiblit pas. Pour le sixième vendredi de suite, à Tizi Ouzou, la population était, à l'instar des autres régions du pays, au rendez-vous. L'appel de Gaid Salah à destituer Bouteflika par l'application de l'article 102 de la Constitution, lancé mardi dernier, et rejeté par l'opposition n'a pas convaincu. Les appels à manifester lancés sur les réseaux sociaux et dans les médias par des militants, des personnalités, partis politiques et des syndicalistes ont reçu des échos favorables. Dès les premières heures de la matinée, des milliers de personnes s'étaient retrouvées devant l'entrée principale du campus Hasnaoua I de l'université Mouloud Mammeri, point de départ de la grandiose marche. Avec des banderoles aux slogans habituels mais aussi nouveaux hostiles à la proposition du Vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaid Salah, les manifestants s'étaient donnés rendez-vous pour exiger, une nouvelle fois, un changement radical du système politique et demander le départ du président Abdelaziz Bouteflika au terme de son mandat actuel qui se termine le 28 avril prochain. Tout au long de l'itinéraire, les manifestants, hommes, femmes et enfants, vieux et vieilles, venus en famille pour certains, de plusieurs régions de la wilaya pour y participer à cette manifestation pacifique, ont marché dans un calme absolu. Drapés de l'emblème national et du drapeau amazigh, les manifestants ont scandé des slogans, adaptés, à la situation politique actuelle. Principalement «pour l'application de l'article 7 de la Constitution» selon lequel «le peuple est la source de tout pouvoir» et «la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple», en réponse à l'appel de Gaïd Salah d'appliquer l'article 102 de la Constitution pour destituer Abdelaziz Bouteflika. Le chef d'Etat-major en a pris pour son grade, avec les slogans «Gaid Salah dégage», «Gaid n'est pas Salah» (ne convient pas», pour son retournement spectaculaire contre son chef hiérarchique, Abdelaziz Bouteflika, à qui il doit son maintien dans l'armée et son poste. «Un seul héros, le peuple», «l'Algérie est une République et non une monarchie» ou encore «pour une transition sans le pouvoir» et «Ni prolongation ni report», «Bouteflika dégage», sont autant de slogans repris en chœur par la foule. D'autres slogans tels «Le vendredi de l'article 7», «Appliquons l'article 2019 : dégagez tous !», «On demande l'application de l'article sans eux» (une référence phonétique à l'article 102), ou encore «Le numéro que vous avez demandé (102) n'est plus en service. Nous vous prions de contacter le peuple source de tout pouvoir» étaient également repris par les manifestants. Cette grandiose mobilisation, soutenue par les politiques et plusieurs syndicats autonomes mais aussi par des organisations de la société civile, l'ordre des avocats, le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires représentant les maîtres-assistants, les maîtres de conférences A et B et les professeurs en médecine, en pharmacie et en chirurgie dentaire pour ne citer que ceux-là est la sixième manifestation pacifique, importante qui s'est déroulée, hier vendredi. Après celles du 22 février du 1er , du 8, du 15 et du 22 mars.