Une chose paraît d'ores et déjà établie: il n'a aucun droit à l'erreur. Ou son message sera reçu et accepté, auquel cas il pourra aborder la seconde partie de son mandat dans une atmosphère plus détendue. Ou ses propositions seront rejetées, et là, la seconde moitié du quinquennat sera difficile. Alors que le 22e acte des «gilets jaunes» s'est caractérisé samedi dernier par un regain sensible de mobilisation, à travers plusieurs villes de France et qu'on a observé dans certaines d'entre elles des tensions élevées, la France attend avec une impatience certaine la prochaine sortie du président Emmanuel Macron qui doit prononcer un discours programme dans les tout prochains jours. D'aucuns croient savoir que le chef de l'Etat va annoncer cinq grands chantiers en guise de réponse aux revendications exprimées depuis près de six mois par les «gilets jaunes». Cela fera trois mois que le Grand débat national a permis de tempérer la colère des manifestants et de nourrir à travers tout le pays des discussions apaisées sur les changements souhaités et il appartient désormais au président Macron de dévoiler les remèdes les mieux à même pour sortir de la crise devenue problématique à quelques encablures des élections européennes. Samedi, ils étaient encore 31.000 manifestants contre 22.000 lors du 21ème acte selon les chiffres du ministère de l'Intérieur et 80.000 selon le propre décompte des «gilets jaunes» eux-mêmes. Suffisamment en tous les cas pour indiquer que la colère des Français, née du ras-le-bol fiscal et de l'érosion du pouvoir d'achat, est loin d'être complètement tarie. A Toulouse, élue capitale des «gilets jaunes», ils étaient d'ailleurs plusieurs milliers à apostropher le gouvernement et le chef de l'Etat dans les termes les plus durs. Et le mot d'ordre le plus entendu concernait la récente loi anticasseurs jugée très répressive, voire liberticide et dont l'abrogation est devenue une des revendications majeures du mouvement contestataire. Le discours d'Emmanuel est évidemment très attendu. Certaines sources proches de l'Elysée évoquent les dates de dimanche soir ou d'aujourd'hui pour une intervention que la France tout entière va suivre avec une attention extrême tant les prochaines échéances en dépendent au plus haut point. Une chose paraît d'ores et déjà établie: il n'a aucun droit à l'erreur. Ou son message sera reçu et accepté, auquel cas il pourra aborder la seconde partie de son mandat dans une atmosphère plus détendue. Ou ses propositions seront rejetées, et là, la seconde moitié du quinquennat sera l'occasion de toutes les mésaventures. Durant ces dernières semaines, il aura consacré beaucoup d'efforts à collecter le maximum de suggestions, y compris lors des différents conseils de ministres afin de peaufiner les solutions dont il va essayer de convaincre les «gilets jaunes» les moins irréductibles. Beaucoup craignent, cependant, que la politique des ministres de droite, dont le poids est le plus conséquent au sein du gouvernement, ne l'emporte sur les effets d'annonce recherchés par le chef de l'Etat qui a beaucoup à faire sur ce plan pour parvenir à effacer l'image de «président des riches» qui lui colle à la peau, depuis le début du mouvement des «gilets jaunes» broyés par une crise latente et un malaise sociale profond.