Ils seront présentés au procureur de la République Les charges retenues contre Issad Rebrab et les frères Kouninef sont lourdes, mais ne constituent aucunement l'épilogue de ce qui est convenu de qualifier de plus grande opération anti-corruption en Algérie. Les deux plus grosses fortunes algériennes n'échapperont pas à la justice. L'appel du mouvement populaire et de l'état-major de l'armée, connaît donc une concrétisation sur le terrain, pour le moins, spectaculaire. La brigade des investigations de la Gendarmerie nationale d'Alger, qui a décidé de commencer par le gros poisson, a frappé un grand coup, en arrêtant le P-DG du groupe Cevital, Issad Rebrab, et les Frères Kouninef. Une dépêche de l'APS qui évoque une «arrestation» et pas une «convocation» note également que les mis en cause sont poursuivis pour leur implication supposée dans des affaires de corruption. Il convient de préciser que la Télévision nationale est la source de l'APS. Les deux médias publics rapportent que l'homme d'affaires Issad Rebrab «a été arrêté pour suspicion de fausses déclarations relatives au transfert de capitaux de et vers l'étranger et de surfacturation dans des opérations d'importation de matériel et importation de matériels usagés alors qu'il avait bénéficié des avantages douaniers, fiscaux et bancaires», précise-t-on. La même dépêche souligne que le patron de Cevital «sera déféré devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed une fois l'enquête terminée». Cette information, reprise par l'ensemble des médias audiovisuels et électroniques a été relativisée par Issad Rebrab dans un twitt, publié à 11 h 25. Il y affirme: «Je tiens à vous informer que cette nouvelle n'est qu'une information mensongère. En effet, je me suis présenté à la gendarmerie dans le cadre de l'enquête qui se poursuit concernant le blocage des équipements du projet EvCon afin de tenter de résoudre cette affaire.» La précision du milliardaire a été suivie d'une déclaration au site d'information TSA de Mouloud Ouali, directeur de communication de Cevital, soulignant que «Rebrab n'a pas été arrêté. On s'est présenté ce matin à 9h30, il est en train d'être entendu sur le blocage Evcon.» Les propos de Issad Rebrab et de son responsable de la communication n'ont pas été totalement confirmés, mais plutôt carrément démentis par le développement du dossier. Et pour cause, dans le milieu de l'après-midi, la chaîne de télévision Ennahar a diffusé des images de Issad Rebrab, dans un véhicule de la Gendarmerie nationale, entrant au tribunal de Sidi M'hamed. Le même média souligne qu'à l'issue de son audition par les enquêteurs de la gendarmerie, le patron de Cevital a été transféré au tribunal pour être entendu par le procureur de la République. Ceci confirme l'information relayée par l'APS et remet en cause les twitt de l'homme d'affaires. Avant-même que M.Rebrab ne fasse l'objet de présentation devant le procureur de la République, c'est la fratrie Kouninef composée de Reda, Abdelkader, Karim et Tarek, qui a été arrêtée par la gendarmerie de Bab Djedid, rapporte l'Entv. Suspectés de «non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics, trafic d'influence avec des fonctionnaires publics pour l'obtention de privilèges et détournement de fonciers et de concessions», les Kouninef étaient, hier encore, interrogés par les enquêteurs. Ils seront présentés devant le procureur de la République du tribunal de Sidi M'hamed, à l'issue de leurs auditions. Les charges retenues contre Issad Rebrab et les frères Kouninef sont lourdes, mais ne constituent aucunement l'épilogue de ce qui est convenu de qualifier de la plus grande opération anti-corruption en Algérie. Et pour cause, la même source note que la brigade d'investigation de la gendarmerie «poursuit ses enquêtes préliminaires à l'encontre de plusieurs hommes d'affaires, dont certains font l'objet d'interdiction de sortie du territoire national». La Télévision publique a fait savoir également que la même brigade avait procédé à «la remise de convocations avec PV à l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia et au ministre des Finances, Mohamed Loukal pour comparaître devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed». Ceci confirme les poursuites engagées à l'encontre de ces deux commis de l'Etat, battant en brèche les rumeurs ayant circulé sur une «bourde» de la Télévision nationale. Il est cependant, important de souligner, que tout ce beau monde bénéficie de la présomption d'innocence.