La chaîne de télévision privée tunisienne, Nessma TV, très regardée en Algérie grâce à ses programmes pro-algériens, mais aussi à cause de la programmation de la série turque Harim Essultan, a été fermée, ce jeudi par les autorités locales tunisiennes. En effet, le régulateur des médias, la Haute autorité indépendante de la communication et de l'audiovisuel (Haica), a décidé d'appliquer sa décision, datant d'octobre 2018, de fermer la chaîne de télévision privée Nessma TV. Selon lui, la station de télévision ne dispose pas «d'autorisation légale» pour émettre dans le pays. La police a interrompu la diffusion des programmes de la chaîne et saisi son matériel. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer une volonté d'étouffer la liberté d'expression. Le patron de la chaîne, qui a l'une des audiences les plus élevées du pays, a récemment donné l'impression d'avoir des ambitions politiques. Le propriétaire de la chaine Al-Hiwar Ettounsi, Sami El Fehri et traditionnel concurrent, a exprimé ce jeudi sa solidarité avec la chaîne concurrente Nessma TV. Dans une story qu'il a postée sur son compte Instagram, il a écrit: «Dieu sait que j'ai beaucoup de différends avec Nabil Karoui. Je me battrai, cependant, de toutes mes forces contre la fermeture de n'importe quel média: Nessma TV, Zitouna TV ou autres.» Pour beaucoup, la sanction n'a pour but que de mettre fin aux ambitions du propriétaire de Nessma TV. La Haica, de son côté, assure vouloir uniquement faire respecter la loi. Le syndicat des travailleurs tunisiens l'Ugtt a demandé, jeudi soir, à la Haica de reconsidérer «immédiatement» la décision d'arrêt des programmes de la chaîne privée Nessma TV, soulignant qu'il s'agit d'une atteinte à la liberté de la presse et de l'instrumentalisation de l'autorité au service de règlements de comptes politiques. Dans un communiqué publié sur sa page facebook, la Centrale syndicale a appelé à la non-implication des forces de sécurité dans des agissements qu'elle a qualifiés de répressifs, se disant étonnée de la sélectivité de la Haica qui est restée silencieuse sur les infractions légales commises par d'autres établissements médiatiques et sur la violation des droits des journalistes et ceux des Tunisiens à une presse libre et honnête. Ce n'est pas la première fois que la Haica applique la loi en fermant une chaîne. Il y a eu un précédent avec la chaîne Zitouna TV, proche du mouvement islamiste tunisien Ennahdha, considérée, également, comme illégale, par la Haica. Zitouna TV, n'avait pas respecté les sommations de la Haica et a fait l'objet, aussi, d'une opération de saisie le 15 juillet 2015. Tout comme Nessma, les responsables de Zitouna ont manifesté bruyamment leur désaccord total et comme pour Nessma, plusieurs hommes politiques se sont mobilisés pour la soutenir et la défendre. Pour de nombreux observateurs, la fermeture de Nessma TV est plus liée à l'ambition de son patron, Nabil Karoui qu'au non-respect de la légalité juridique. [email protected]