Pour éviter d'approfondir le conflit qui oppose la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), la chaîne Attounissia a contourné le problème en émettant, depuis lundi, sous le logo de la chaîne Al-Hiwar Ettounsi. L'idée vient du producteur Sami Fehri, dont la femme est actionnaire de la chaîne qui lui offre l'hospitalité. La raison de ce transfert se trouve dans la décision de Slim Riahi, le richissime candidat à la présidentielle et propriétaire des fréquences, d'obéir aux ordres de l'instance de régulation. De son côté, la chaîne Zitouna a annulé tous ses programmes pour se contenter de diffuser des psalmodies de Coran, se conformant ainsi, en partie, aux injonctions de la Haica qui avait demandé à ces chaînes de régulariser leur situation avant le 28 septembre. Toutefois, la reprise, dans l'après-midi du lundi, de la diffusion régulière des programmes laisse entendre qu'un accord aurait été conclu entre les deux parties. De quoi s'agit-il en fait ? Il s'agit de se conformer au cahier des charges pour obtenir la licence de diffusion. Ce qui n'est pas le cas de Nessma et de Hannibal, qui détiennent des autorisations héritées de l'ère Ben Ali. L'opacité du communiqué de la Haica et les déclarations contradictoires de ses membres avaient fait croire à tout le monde, en particulier à ces deux dernières chaînes, qu'elles étaient menacées de fermeture au même titre que les autres. Cela a conduit à une mobilisation de tous les acteurs de ces deux chaînes pour dénoncer les décisions de la Haica interprétées comme une menace de censure à l'approche des élections. Cependant, la Haica a-t-elle cédé face à la détermination de Nessma et de Hannibal, deux chaînes qui ont leur public qui n'a pas hésité à les défendre bec et ongles. L'intervention, dimanche soir, du président de la Haica, aurait mis les choses au clair. La pression exercée par deux chaînes à travers les téléspectateurs aurait-elle été à l'origine du come-back du président de la Haica ? Selon ce dernier, Nessma et Hannibal ne sont concernées qu'en partie par les décisions de cette instance, soit par le renouvellement de leur demande. S'inscrivant en faux contre les "allégations" accusant la Haica de chercher à imposer la censure, le président de cette instance a affirmé que cette dernière est animée du désir de multiplier les canaux de la libre expression, mais dans un cadre légal. Aussi les dizaines de chaînes radiophoniques et télévisées, qui émettent depuis la révolution de 2011 sans autorisation, sont-elles tenues, selon lui, de se conformer, dans les meilleurs délais, à la loi en soumettant leurs dossiers à la Haica, unique institution habilitée à leur accorder la licence d'émission ? La même demande s'adresse aux chaînes Nessma et Hannibal pour qu'elles renouvellent leur dossier en s'engageant à respecter le cahier des charges. Ainsi, remettant les pieds sur terre, la Haica a remis les pendules à l'heure et s'attend à une meilleure adhésion à ses décisions. Comme nul n'est au-dessus de la loi, les chaînes réfractaires n'ont plus rien à reprocher à cette institution. Cependant, pour se conformer à la loi, le patron de Nessma doit se séparer de sa boîte de communication, le cumul étant interdit. Quant à la chaîne Hannibal, elle doit revoir la composition de son capital où l'apport étranger ne doit pas dépasser les 50%.