La Chine, la France et bien d'autres puissances encore secondaires n'ont cessé, au cours des années 2000 et 2001, depuis la chute du mur de Berlin en 1989 en fait, de demander le retour à un monde multipolaire. Pourquoi un tel monde? Pour plusieurs raisons et d'abord pour permettre à l'Organisation des Nations unies d'être plus équitable dans ses jugements. Et de ne pas permettre que les Etats-Unis d'Amérique qui ne cessent de se proclamer seul et unique bailleur de fonds de la Maison de verre de Manhattan, en utilisant cette dernière quasi exclusivement pour protéger leurs propres intérêts dans le monde, sans oublier l'abus qu'ils font de l'usage du veto au Conseil de sécurité à chaque fois qu'Israël est mis au banc des accusés par la communauté internationale. Il y a forcément un équilibre à rechercher dans la « gestion » des affaires mondiales si l'on veut que l'injustice, que génère malgré lui le système des Nations unies disparaisse au profit d'un système mieux équilibré, plus juste et, transcendant les systèmes particuliers des nations qui lui sont associées, puisse rendre la justice qui lui incombe en toute équité. L'Amérique, d'après le 11 septembre 2001, est-elle en mesure de troquer ses oripeaux de puissance dominatrice visant à régenter les activités de l'ensemble des autres pays au profit de ses seuls intérêts? Force est de constater qu'il n'en est rien jusqu'ici et qu'en plus, aucun indice significatif n'est venu démontrer le contraire. Mais alors pour quelle raison Washington continue-t-il à maltraiter les montagnes enneigées de l'Afghanistan de ses imperturbables B-52 si ce n'est pour extirper de leurs entrailles les restes d'un Oussama Ben Laden que le président Bush accuse de tous les maux dont souffrirait l'Amérique? Un Oussama devenu, par la force des choses, volatile sinon indétectable et qui, pour échapper à la machine de guerre américaine, s'est apparemment déguisé en courant d'air. Retenons pour l'histoire que malgré l'entrée de l'ensemble des pays de la planète à l'an 2002, Washington, dont le comportement rappelle à s'y méprendre celui de Don Quichotte face aux Moulins à vent de la grande oeuvre de Cervantes, Washington n'en continue pas de gaver de bombes les montagnes de l'Afghanistan en espérant y dénicher un Ben Laden mort ou vif. N'est-ce pas chose curieuse que de voir la plus grande puissance militaro-industrielle du monde martyriser un pays en agissant comme si ce dernier n'existait pas, au nom d'une guerre menée contre un seul individu dans une offensive censée viser l'ensemble des organisations subversives liées à l'internationale terroriste? Question fondamentale. Pourquoi l'Amérique, dont le symbole est la statue de la liberté, s'est de tout temps appuyée sur les mercenaires des pays où elle est intervenue en laissant en marge les populations de ces pays désemparées, mais néanmoins prêtes à se sacrifier pour vaincre? Qui ne se souvient du Viêt-nam et les massacres commis par une Amérique «libérale et respectueuse des droits de l'Homme»? Les écoles américaines ne formeraient-elles que des cadres prêts à n'offrir leur amitié qu'à des énergumènes comme Ariel Sharon ou N'go Dien Diem? Ce serait désespérer de tout si c'était le cas. Passé maître en matière de temporisation et de «mépris des autres» Washington a toujours joué de lenteur en prétextant des priorités incontournables quand il s'est agi de résoudre les problèmes cruciaux dont souffrent des peuples comme les Palestiniens. Des années durant la communauté internationale n'a cessé d'exiger que se réunisse une conférence internationale pour aborder du mieux possible le problème palestinien. Des années passèrent avant que le secrétaire d'état James Baker n'obtienne la convocation, il y a dix ans, à Madrid de la «conférence pour la paix au Proche-Orient». Parrainée par les Etats-Unis et l'URSS encore officiellement debout mais qui a de fait disparu de la scène internationale depuis la chute du «mur» en 1989, la lettre d'invitation des parties à la conférence était très claire: «Il existe une occasion historique de hâter les perspectives d'une paix authentique dans l'ensemble de la région... se fondant sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations unies...» La résolution 242 date, à ce moment-là, de 23 ans (22 novembre 1967). Ajoutez-y 10 ans et vous comprendrez de quel ordre est la complicité des Etats-Unis d'Amérique et Israël et vous comprendrez pourquoi l'Amérique, qui essaie d'éradiquer le terrorisme international façon Ben Laden, «n'a jamais osé s'attaquer au terrorisme d'Etat de Tel-Aviv»