Le président de la Cour des comptes, Abdelkader Benmarouf M.Benmarouf pointe du doigt un manque flagrant d'effectifs. La Cour est, en effet, dotée de 170 magistrats et de 45 vérificateurs financiers. La Cour des comptes alimente l'institution judiciaire en dossiers de corruption à une cadence d'une dizaine d'affaires annuellement. Les infractions signalées portent, notamment sur les marchés publics (les prix, les quantités, la qualité des équipements, l'opacité dans l'octroi des contrats...). Le président de la Cour des comptes, Abdelkader Benmarouf, précise néanmoins, dans un entretien accordé à l'APS, que «les gens se trompent en pensant que la Cour des comptes lutte contre la corruption. La corruption est un crime économique et les crimes relèvent de la compétence de la justice et non pas de la Cour des comptes». De fait, cette institution que le commun des Algériens considérait comme le «bras armé» de l'Etat pour ce qui concerne la lutte contre la corruption dans l'administration publique s'est révélée, à entendre son président, une institution sans moyens et très loin de répondre aux voeux de la communauté nationale pour de multiples raisons. M.Benmarouf pointe du doigt un manque flagrant d'effectifs. La Cour est, en effet, dotée de 170 magistrats et de 45 vérificateurs financiers. Ces fonctionnaires sont dédiés au contrôle des finances publiques, mais également à «la chambre de discipline financière et budgétaire (Cdfb) qui compte sept magistrats seulement», souligne le président de la Cour des comptes. Le décor ainsi planté, il est difficile d'imaginer une quelconque efficacité, malgré de bons textes. En raison de cet état de fait, à la Cdfe, «le traitement des affaires se fait à une cadence ralentie», reconnaît M.Benmarouf, soulignant que «vu leur charge de travail, les magistrats répugnent à faire les deux missions, laissant traîner les affaires soumises à la chambre». Ce constat d'impuissance que d'aucuns dans l'administration publique a certainement constaté encourage certains comportements délictueux. La Cdbf est la formation de la Cour des comptes chargée de l'instruction et du jugement des dossiers relevant de son domaine de compétence. Elle statue sur la responsabilité des agents dans le cas de la commission d'infractions aux règles de discipline budgétaire et financière, notamment les fautes ou irrégularités constituant une violation caractérisée des dispositions législatives et réglementaires, régissant l'utilisation et la gestion des fonds publics et des moyens matériels ayant causé un préjudice au Trésor public ou un organisme public. Il faut savoir, à ce propos, que l'on se trompe à croire que la Cour des comptes est un instrument de justice. Même jouant un rôle prépondérant dans la lutte contre la corruption, la Cour des comptes transmet les dossiers à la justice sur les faits à caractère pénal.