11e semaine de mobilisation L'impossibilité physique et politique de tenir un scrutin à la date fixée met à mal la solution préconisée par les institutions de l'Etat. Aucune initiative n'est venue rapprocher les points de vue et rendre réalisable une sortie de crise, rapide et constitutionnellement recevable. Le 11e vendredi du mouvement populaire n'aura pas été celui de la «délivrance». Les Algériens qui sont sortis par centaines de milliers, à travers le pays, n'ont pas «applaudi» à la fin de la crise institutionnelle. Les slogans entonnés aux quatre coins du pays, reflétaient certes une grande détermination, marquant la volonté des Algériens de ne pas se suffire d'une solution de replâtrage, mais dans le même temps, les marcheurs disaient aussi leur angoisse de ne pas trouver une issue à la situation d'impasse. Les citoyens qui ne veulent absolument pas rentrer chez eux avant de voir les premiers contours de la nouvelle République, constatent néanmoins que l'agonie du système finissant est loin d'être finie. Les signaux d'une probable résurgence sont tapis dans certaines incompréhensions, dans des slogans «intrus», dans des tentatives de faire déraper l'esprit du mouvement populaire et surtout, dans la méfiance «maladive» qu'entretiennent des acteurs politiques à l'endroit du pouvoir et des mécanismes constitutionnels destinés à «piloter» la phase actuelle. En effet, le principal constat qui saute aux yeux par rapport aux derniers «échanges» par médias interposés entre le chef d'état-major de l'ANP et les acteurs politiques, relève du dialogue de sourds. Alors que le premier responsable de l'institution militaire appelle au dialogue, tout en l'encadrant par les institutions constitutionnelles, les leaders partisans et certaines personnalités de la société civile préconisent une sortie «momentanée» de la Constitution à travers un mécanisme exclusivement politique, sans vraiment tenter de trouver une solution médiane entre la démarche strictement constitutionnelle et la «dose» de politique qu'il faut y mettre pour éviter tout aventurisme dangereux pour la stabilité du pays. Le fait est qu'à la 11e semaine de mobilisation des Algériens, un mois après la démission de l'ex-président de la République et à trois mois de la fin du mandat de l'actuel président de l'Etat, aucune démarche consensuelle ne pointe à l'horizon. L'option d'une élection présidentielle, au 4 juillet prochain, à laquelle tient malgré tout, Abdelkader Bensalah, a le soutien du chef d'état-major de l'ANP. La position de l'un et de l'autre s'appuient sur la nécessité légale de respecter l'esprit de la Constitution. Mais l'impossibilité physique et politique de tenir un scrutin à la date fixée met à mal la solution préconisée par les institutions de l'Etat. Les partis de l'opposition, comme les Algériens dans leur globalité, savent cela. Le problème dans cette équation, c'est qu'il n'existe pas de plan alternatif à celui de la présidence de l'Etat. Aucune initiative digne de ce nom n'est venue rapprocher les points de vue et rendre réalisable une sortie de crise, rapide et constitutionnellement recevable. Cette impasse, que l'ensemble de la société déplore, est maintenue par des discours «extrémistes» de certaines voix de l'opposition qui émettent des propositions irréalisables et s'en vont les propager via les réseaux sociaux, jusqu'à créer une sorte de «surtension», éloignant, de fait, une issue «logique» à la crise. Les empêcheurs de tourner en rond compliquent toute possibilité de rapprocher le point de vue des autorités et celui de la classe politique en jetant systématiquement le doute sur la sincérité des hommes, les accusant de vouloir reproduire l'ancien système. Face à un peuple très attentif à tout ce qui peut dépasser, nombre d'acteurs politiques hésitent à formuler des propositions de dialogue avec les institutions de l'Etat. De fait, les appels au dialogue lancés par Abdelkader Bensalah et Ahmed Gaïd Salah restent sans écho réel. Cette situation de blocage n'est certainement pas pour arranger les affaires du pays, qui paiera cash la facture des hésitations et des retards dans la formulation d'une solution sérieuse à la crise institutionnelle. L'économie du pays qui en souffre déjà, sera lourdement impactée par cette situation et il n'est pas impossible que l'Algérie connaisse à court et moyen terme, une période de récession qui fera grimper les taux de chômage et l'inflation et plongera la société dans une autre angoisse, tout aussi périlleuse pour la stabilité du pays.