Les deux chambres à l'écoute du peuple... La voix du peuple est sans appel. Les Algériens demandent le départ de toutes les têtes de ce qui est désormais convenu de qualifier d'ancien régime. L'APN et le Conseil de la nation se réuniront en Parlement, mardi prochain, au Palais des nations pour procéder à l'élection du président de l'Etat, dont la mission consistera à organiser une élection présidentielle, conformément à l'article 102 de la Constitution. Cette procédure, prévue par la Constitution en cas de démission du président de la République, ne fait, néanmoins, pas l'unanimité au sein de la classe politique, comme dans la rue où les Algériens ont clairement remis en cause les trois responsables chargés de conduire la transition. Les 3 «B», Bedoui, Bensalah et Belaïz qui sont constitutionnellement habilités à gérer les affaires de l'Etat et préparer le terrain au scrutin, ne sont pas acceptés. Or, la voix du peuple est sans appel. Les Algériens demandent le départ de toutes les têtes de ce qui est désormais convenu de qualifier d'ancien régime. Face à cette fermeté de la rue, des constitutionnalistes se sont «cassés la tête» pour trouver des issues conformes à l'esprit de la Loi fondamentale. Fatiha Benabou et autres Benisssad ont préconisé la démission de Abdelkader Bensalah, avant la réunion des deux chambres du Parlement pour éviter sa désignation à la tête de l'Etat. Il se trouve que la fixation de la date de la réunion dudit Parlement évacue cette option qui ouvrait la voie au respect de la volonté du peuple «seul souverain», au terme de l'article 7 de la Constitution. Il se pourrait, cependant que la démission de Bensalah puisse intervenir entre aujourd'hui et demain et son remplacement par un autre sénateur, dont l'implication dans l'ancien régime n'est pas trop voyante. Mais cette perspective risque de ne pas faire consensus et se heurter à un refus catégorique de la part de la rue. Ce qui pourrait conduire à un vide constitutionnel puisque la candidature du président du Conseil constitutionnel est également rejetée par les Algériens. Et comme pour compliquer le décor, l'expert en droit constitutionnel, Faouzi Oussedik, met en évidence l'aspect illégal de la nomination de Belaïz à la tête du Conseil constitutionnel, et ce par le truchement de l'article 183 de la Constitution, qui stipule que le président et le vice-président du Conseil constitutionnel, sont nommés pour un mandat unique de 8 ans. Or pour l'actuel président du conseil ce n'est pas le cas, puisqu'il a été nommé deux fois, la première fois en 2005, puis en 2019. Il reste que ce détail, du reste discutable et ne peut constituer le véritable frein au yeux des Algériens, ne semble pas gêner, outre mesure la principale institution de la République qu'est l'ANP. Laquelle a fortement misé sur l'acceptation par tous de l'application stricto-sensu de l'article 102 de la Constitution pour écourter la période de transition et sortir de la crise institutionnelle sans dégât. La convocation du Parlement plaide pour ce choix, même si l'on ne peut pas dire que les institutions législatives obéissent à une quelconque instruction de l'ANP. A deux jours de la réunion, censée faire basculer le pays dans une sorte de point de non-retour, au sens où l'élection de Bensalah verrouillerait le processus, les acteurs politiques du pays ne sont toujours pas d'accord sur le chemin à suivre. Alors que certaines formations politiques, à l'image des partis de l'Alliance présidentielle et le Front El Moustakbal soutiennent l'article 102, beaucoup de formations de l'opposition et autres personnalités promues par le mouvement populaire, proposent chacune son plan de sortie de crise.