Le vice-ministre de la Défense Le pays est visiblement encore dans l'impasse. Les partis ont largement prouvé leur obsolescence en ne présentant aucune formule viable à moins d'un mois du «Dead Line». Durant plus d'un mois, le mouvement populaire répondait aux messages du chef de l'Etat. Mais pour ce 6e vendredi et sans doute pour le prochain, la donne a évolué. La proposition de l'ANP d'actionner l'article 102 de la Constitution apporte un nouvel élément. De fait, le face-à-face n'est plus entre la rue et le Président Bouteflika, mais avec le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. Même s'il est difficile de deviner la suite réservée par le mouvement populaire à la démarche de l'armée, en l'absence d'instrument de sondage d'opinion, la réalité du terrain plaide tout de même en faveur de l'issue suggérée par le chef d'état-major. Ahmed Gaïd Salah, qui s'est interdit d'outrepasser les missions constitutionnelles de l'institution militaire qu'il dirige, propose, ni plus ni moins, que de retourner à la légalité, pour éviter au pays un saut dans l'inconnu. La rue, qui porte de plus en plus haut le plafond de ses revendications, semble être entrée dans une logique «d'arrogance», voire de surenchères avec le régime. En refusant en bloc toutes les propositions de sortie de crise qui impliqueraient de près ou de loin l'entourage du chef de l'Etat, le mouvement populaire pose une sérieuse colle aux décideurs. Les Algériens adoptant cette posture «dégagiste», sont «encouragés» par des leaders de l'opposition qui, tous, appellent à renverser la table sur le pouvoir en place et reconstruire le système avec de nouveaux visages. Il aurait été possible d'envisager pareille possibilité, n'était-ce le grand éparpillement de l'opposition dans les propositions mises sur la table. Du présidium à une personnalité désignée, on ne sait comment, en passant par un trio ou un binôme, les pistes évoquées par les partis de l'opposition convergent certes sur le point d'interdire à Bensalah de prendre l'intérim du chef de l'Etat comme le prévoit l'article 102, mais divergent totalement sur la conduite à tenir. Il est donc impossible de choisir l'une ou l'autre des solutions, pour la simple raison qu'aucune ne fera le consensus entre les acteurs politiques. Au sixième vendredi de mobilisation, le pays est visiblement encore dans l'impasse et ce n'est pas l'absence de représentation du mouvement populaire qui l'en sortirait. En effet, cette «carence» organique empêche de capitaliser sur l'expérience acquise et interdit, de fait, toute synthèse à même de faire avancer la revendication de la rue. Les partis, qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition, ont largement prouvé leur obsolescence en divergeant sur le moyen de sortir de la crise et en ne présentant aucune formule viable à moins d'un mois du «Dead Line», date à laquelle le président de la République n'aura plus de légitimité. L'idée selon laquelle on attendrait la dernière minute pour proposer une personnalité consensuelle est à exclure pour la simple raison que ladite personnalité n'existe pas. Et pour cause, depuis le temps que la question se pose, tous les noms proposés ont décliné l'offre de la rue et des partis. Attendre et voir la catastrophe n'est pas une attitude responsable. Aussi, la formule proposée par le chef d'état-major est «viable», même sans la réunion du Conseil constitutionnel. Les lois valant par leur interprétation, l'article 102 qui s'applique en situation de vacance du pouvoir, peut être activé le 29 avril prochain si, entre-temps, le président de la République refuse de démissionner. L'actuel président du Conseil de la nation, à qui reviendrait constitutionnellement l'intérim de la présidence de l'Etat pour une période de 90 jours, devra accomplir sa mission, organiser une présidentielle, sous le contrôle strict du mouvement populaire. A charge pour le prochain président de dissoudre les Assemblées pour créer une nouvelle majorité et engager les réformes souhaitées par tous. Le travail du nouveau chef de l'Etat sera étroitement contrôlé par le peuple, cela va sans dire. Cette option qui préserve les institutions de la République et évite l'effondrement de l'Etat, doit faire consensus au sein de la classe politique. Il s'agit, effectivement, de crédibiliser l'élection présidentielle en y participant massivement. Mais pour cela, il faut dialoguer.